L’ancien juge administratif de 68 ans a été condamné à une lourde peine après avoir dénoncé des ingérences politiques présumées.
Le tribunal de première instance de Tunis a condamné, vendredi 31 octobre, l’avocat Ahmed Souab à cinq années d’emprisonnement.
Cette décision marque un nouvel épisode inquiétant dans la dégradation continue du climat judiciaire observée en Tunisie depuis 2021.
Ancien magistrat respecté, Ahmed Souab, âgé de 68 ans, avait été arrêté en avril dernier pour ses déclarations publiques controversées.
Il accusait ouvertement le pouvoir exécutif d’exercer des pressions sur le juge responsable du dossier dit du « complot d’État ».
Cette affaire, hautement politique, demeure l’une des plus sensibles depuis la concentration des pouvoirs par le président Kaïs Saïed.
Le procès de l’avocat s’est déroulé après six mois de détention provisoire, dans des conditions dénoncées par plusieurs observateurs.
L’audience, d’une brièveté exceptionnelle, n’a duré que quelques minutes avant le prononcé de la peine définitive par le tribunal.
Le ministère public l’a poursuivi pour « constitution d’une entente terroriste » et « diffusion de fausses informations » selon la loi antiterroriste.
Ces chefs d’accusation, considérés par la défense comme politiquement motivés, s’inscrivent dans un contexte d’intimidation des voix critiques.
Ahmed Souab a refusé de comparaître à distance, jugeant qu’un procès équitable exige sa présence physique devant les magistrats.
Les autorités judiciaires ont pourtant imposé la visioconférence, invoquant un « danger réel » sans préciser la nature exacte de la menace.
Des avocats et militants des droits humains dénoncent une instrumentalisation inquiétante de la justice au service du pouvoir politique.
Son fils, très ému, a rappelé que son père « paie le prix de son indépendance et de son intégrité professionnelle ».
Depuis plusieurs mois, les procès d’opposants, journalistes et avocats se multiplient, illustrant le durcissement autoritaire du régime tunisien.
La condamnation d’Ahmed Souab suscite une vague d’indignation dans la société civile et parmi les organisations internationales de défense des droits.
Beaucoup y voient un signal alarmant pour l’avenir de la démocratie tunisienne et l’indépendance du système judiciaire national.
FATEM CAMARA
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
