Ce qui pourrait faire gagner Ouattara

3 semaines

En Côte d’Ivoire, le vote n’est pas seulement politique. Il est culturel, spirituel, presque rituel. Et ce rituel-là penche toujours du même côté.

J’ai passé ma matinée à passer des coups de fil. Pas des sondages, non. Des conversations. Celles qui disent plus que les chiffres : la manière dont les gens pensent, décident, obéissent ou s’abstiennent.

À midi, tout était déjà joué dans certains quartiers. Les sympathisants du RHDP avaient voté. En famille. En bloc. Comme un seul homme.
L’ordre était venu du père, du patriarche, du doyen — bref, de celui qu’on écoute sans discuter.
Quand il dit on va voter, on ne demande pas pour qui. On se prépare, se lave. On s’habille. Et on y va.
C’est une forme d’allégeance, d’unité, presque de foi.

Parce qu’ici, dans certaines communautés, la religion et la famille parlent d’une même voix.
La mosquée donne le ton, le père valide, et la file d’attente devant l’urne devient un prolongement du sermon du vendredi. C’est à dire hier. La veille donc.
Le vote n’est pas une question d’opinion, c’est une question de devoir moral.

Mais ailleurs, dans le Sud, l’ouest, l’est et le Centre, le décor change.


Chez les Abouré, les Agni, les Baoulé ou les Tagbana, la liberté individuelle est reine.
Chez les Ehivet, les Gbagbo, les Billon, les Lagou, les Don Mello.. on débat, on ironise, on relativise.
Un jeune me dit : « Djo, moi je suis à la maison. Ils n’ont qu’à finir leur truc là. Après on va vaquer. »
Un autre rit : « Pourquoi voter ? Ils ont déjà tout décidé. »
Ici, le vote n’est pas un devoir sacré, c’est une option. Et souvent, une option qu’on laisse passer.

Entre l’obéissance du Nord et l’indépendance du Sud, il y a la clé du scrutin.
Là où la consigne descend, le vote monte. Là où la parole circule, la participation s’évapore.
C’est la victoire de la cohésion sur la dispersion, du collectif sur l’individuel, du devoir sur la liberté.

Et dans une élection, ce n’est pas toujours celui qui convainc le mieux qui gagne —
mais celui dont les électeurs se lèvent le plus tôt, sans discuter, pour aller voter.

Alors oui, sauf séisme improbable, Ouattara gagnerait.
Pas seulement parce qu’il est président.
Mais parce que, dans ce pays, certains votent comme on prie — avec conviction, en famille, sans réfléchir et sans hésitation.

FATEM CAMARA

photo:dr

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