Nicolas Sarkozy. 15 ans après Gbagbo, il est incarcéré. Le dernier discours d’un président déchu

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Quelques heures avant d’être incarcéré, Nicolas Sarkozy a livré un message solennel dans lequel il se dit victime d’une vengeance politique.

Alors qu’il entame une peine de prison ferme, le symbole est lourd : celui qui fut l’un des artisans du retour au pouvoir d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire entre aujourd’hui dans l’histoire comme le premier ex-chef d’État français condamné à une peine privative de liberté. Retour sur un jour sombre de la République.

Le dernier discours de Nicolas Sarkozy, avant son incarcération :

« Au moment où je m’apprête à franchir les murs de la prison de la Santé, mes pensées vont vers les Françaises et les Français de toutes conditions et de toutes opinions.
Je veux leur dire avec la force inébranlable qui est la mienne que ce n’est pas un ancien Président de la République que l’on enferme ce matin, c’est un innocent.
Je continuerai à dénoncer ce scandale judiciaire, ce chemin de croix que je subis depuis plus de 10 ans. Voilà donc une affaire de financement illégal sans le moindre financement ! Une instruction judiciaire au long cours lancée sur la base d’un document dont la fausseté est désormais établie.
Je ne demande aucun avantage, aucune faveur. Je ne suis pas à plaindre, car ma voix porte. Je ne suis pas à plaindre parce que ma femme et mes enfants sont à mes côtés, et mes amis sont innombrables.
Mais ce matin, j’éprouve une peine profonde pour la France, qui se trouve humiliée par l’expression d’une vengeance qui a porté la haine à un niveau inégalé.
Je n’ai pas de doute. La vérité triomphera. Mais que le prix à payer aura été écrasant. »

Un président derrière les barreaux : retour sur une journée hors norme

Une incarcération symbolique.
Nicolas Sarkozy a été incarcéré à la prison de la Santé, dans le XIVe arrondissement de Paris. C’est là qu’il purge une peine d’un an de prison ferme, pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite « Bismuth ».

Une majorité des Français soutient la décision.
Selon un sondage IFOP publié fin septembre, 61 % des Français jugent cette incarcération « juste ». Une majorité silencieuse qui semble approuver le verdict.

Un accueil bruyant entre les murs.
À son arrivée, des codétenus ont crié : « Oh bienvenue Sarkozy ! », « Y’a Sarkozy ! », témoignant à la fois d’un étonnement et d’une forme d’ironie dans un lieu peu habitué à recevoir des figures politiques de ce rang.

À l’isolement total.
Sébastien Cauwel, directeur de l’administration pénitentiaire, a annoncé que Nicolas Sarkozy est placé à l’isolement pour des raisons de sécurité. Il ne croisera aucun autre détenu, ni en promenade, ni au parloir, ni en cellule.

Premier parloir.
Son avocat Jean-Michel Darrois lui a rendu visite dans l’après-midi. Selon BFMTV, l’échange s’est concentré sur son état de santé et ses conditions de détention.

Darmanin critiqué pour sa proximité.
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin, proche personnel de Sarkozy, a été vivement critiqué pour sa gestion de l’affaire. Accusé par l’opposition et certains syndicats de magistrats de « confusion des rôles », il s’est défendu en assurant que Sarkozy « ne fait pas exception ».

Un ex-président à occuper.
La presse s’interroge déjà sur ce que fera Sarkozy de ses journées. Certains évoquent l’écriture, d’autres la musique, en clin d’œil à son épouse Carla Bruni. D’autres, plus ironiques, suggèrent des tatouages comme son fils Louis.

Un avertissement pour les puissants ?
L’ancien directeur des prisons de Fleury-Mérogis, Joaquim Pueyo, estime que Sarkozy pourrait « être en danger s’il croise d’autres détenus ». Un placement à l’isolement strict reste donc la seule solution envisagée.

Un homme qui a marqué la scène africaine… et qui chute

Peu de voix l’ont rappelé ce jour-là, mais Nicolas Sarkozy n’est pas seulement un ancien président français. Il fut aussi un acteur clé  lors de la crise postélectorale de 2010-2011. Son soutien diplomatique et militaire avait permis à Ouattara de s’imposer face à Laurent Gbagbo. Ce dernier enfermé ensuite à La Haye. Ironie tragique de l’histoire : quinze ans plus tard, Sarkozy entre à son tour en prison.

ETHAN GNOGBO

photo:dr

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