Le camp Ouattara tranche : halte aux troubles

3 semaines

À quelques jours d’un scrutin présidentiel sous tension, les autorités ivoiriennes imposent un durcissement sans précédent des libertés de rassemblement.

Les principaux partis d’opposition, exclus du jeu électoral, dénoncent une manœuvre d’étouffement politique tandis que les arrestations se multiplient.

Un climat sous haute surveillance avant les urnes

Alors que le premier tour de l’élection présidentielle ivoirienne doit se tenir le 25 octobre, le climat politique se crispe. Le gouvernement a décrété, ce vendredi 17 octobre, une interdiction générale des manifestations pour deux mois. Seules les activités des cinq candidats officiellement en lice sont désormais autorisées.

Cette décision touche de plein fouet les grandes formations d’opposition, notamment le PDCI et le PPA-CI, unies dans une coalition baptisée « Front commun ». Leurs chefs de file, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, ont vu leurs candidatures recalées par le Conseil constitutionnel, décision qu’ils contestaient dans la rue ces derniers jours.

Des rassemblements organisés à Abidjan ont été rapidement dispersés par la police, parfois avec violence. À Bonoua, une manifestation s’est soldée par la mort d’un homme qu’une balle tue dans des circonstances troubles. L’opposition parle d’au moins trois morts à l’échelle nationale.

Arrestations massives et justice expéditive

En une semaine, on a interpellé environ 700 personnes selon les autorités judiciaires. On a condamné Vingt-six d’entre elles à trois ans de prison. Plus d’une centaine d’autres attendent leur procès dans les jours à venir. Le procureur de la République, Oumar Braman Koné, évoque même des « actes de terrorisme », s’appuyant sur des messages extraits des téléphones des personnes arrêtées, où il est question d’incitation à la violence et à la destruction de biens publics.

Le ministère de la Justice justifie la fermeté de l’État en invoquant la nécessité de préserver l’ordre et la stabilité nationale. Il qualifie les manifestations récentes de « subversives » et les accuse d’avoir dégénéré en violences.

Une opposition marginalisée, un président favori

Dans un paysage politique verrouillé, les principaux challengers du président sortant, Alassane Ouattara, sont désormais écartés du processus électoral. M. Ouattara, au pouvoir depuis 2011, brigue un quatrième mandat contesté. Face à lui, quatre candidats figurent sur la ligne de départ : Jean-Louis Billon, ancien ministre et dissident du PDCI ; Simone Gbagbo, ex-première dame ; Ahoua Don Mello, ancien proche de Gbagbo lui aussi ; et Henriette Lagou, candidate indépendante.

La société civile appelle à la retenue

Des organisations internationales comme Amnesty International s’inquiètent de la répression des libertés publiques et appellent les autorités ivoiriennes à respecter le droit de manifester. Mais pour l’heure, le gouvernement campe sur sa position sécuritaire, dans un contexte où chaque jour rapproche le pays d’un scrutin à haut risque.

FATEM CAMARA

photo:dr

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