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Dans l’ombre des grandes politiques sociales, à des centaines de kilomètres des feux de la capitale, ils sont des dizaines, silencieux, à attendre qu’on les voie.

Orphelins, abandonnés, maltraités, parfois nés sous le poids du VIH, ces enfants du Haut-Sassandra trouvent un fragile refuge dans les bras d’une femme et d’une équipe dévouée. À Daloa, dans le quartier de Tazibouo, l’Orphelinat Tomorrow’s Hope tente de redonner un avenir à ceux qu’on appelle pudiquement les « oubliés ». Un combat qui rappelle, à bien des égards, celui porté à l’échelle nationale par la Fondation Children of Africa de la Première Dame.

Le portail est modeste, la façade discrète. Rien ne laisse vraiment deviner qu’à l’intérieur de ces murs repose une part essentielle de notre humanité.
À Daloa, dans le quartier de Tazibouo, se tient Tomorrow’s Hope — « Espoir de demain » en français. Une oasis pour les âmes cabossées, un orphelinat qui accueille les enfants dont la vie n’a pas attendu pour être dure. Ils ont entre zéro et huit ans. Certains n’ont jamais entendu le mot « maman » ailleurs que dans les larmes.

D’autres sont nés dans l’indifférence et ont failli y mourir.

Tous partagent un destin marqué par l’abandon, la maltraitance, ou la maladie.

Carine Zaha, la fondatrice, n’est pas une héroïne de roman. C’est une femme, une vraie, qui depuis 2013 a décidé de faire ce que beaucoup ne font plus : se battre pour ceux qu’on ne voit pas.
« Ici, on ramasse des vies, on les recoud, on les cajole, on les reconstruit », dit-elle avec une douceur que seuls les cœurs cabossés savent porter.

Elle n’a pas de baguette magique. Seulement la foi, la résilience, et une équipe de femmes et d’hommes qui donnent tout. Les « tatas », ces 8 monitrices qui travaillent jour et nuit, la cuisinière, le gardien, le docteur de passage, l’assistante sociale… tous, à leur manière, forment une famille de substitution. Car c’est bien cela, l’objectif : recréer une cellule affective pour que ces enfants, privés de tout, puissent encore croire en demain.

Une enfance à reconstruire

Loin des grandes structures médicalisées, Tomorrow’s Hope fait avec peu, mais avec le cœur. Une boîte à pharmacie, quelques chambres, des habits donnés, un repas chaud à arracher au quotidien, et toujours cette lutte invisible pour garder les lumières allumées, les enfants habillés, les écoles payées.

Car l’orphelinat ne se contente pas d’un toit. Ici, on scolarise, on soigne, on parle, on écoute. On cherche parfois les familles, on enquête dans les quartiers, on tend la main à ceux que la vie a trop vite rejetés.

La région du Haut-Sassandra, longtemps dépourvue d’infrastructures adaptées à la protection de l’enfance, manquait cruellement de ce type de structure. Tomorrow’s Hope a comblé un vide, que l’État lui-même peine encore à combler.

Une cause qui dépasse Daloa

À Daloa, on n’a pas les grandes caméras, les conférences internationales ni les projecteurs. Pourtant, ce qui s’y joue est d’une humanité bouleversante.
Et même si l’action de la Fondation Children of Africa, pilotée avec détermination par la Première Dame, a permis de faire rayonner la cause des enfants vulnérables à travers tout le pays, la bataille est encore loin d’être gagnée dans les régions reculées.

Tomorrow’s Hope est de ces bras prolongés, des relais locaux de cette solidarité nationale. Une preuve que l’engagement, lorsqu’il est sincère, peut naître dans le silence, croître dans l’oubli, mais transformer profondément des vies.

Une guerre silencieuse, des besoins immenses

La mission de Tomorrow’s Hope n’est pas abstraite. Elle est quotidienne, concrète, physique :

  • Un sac de riz, pour nourrir dix enfants affamés.

  • Une boîte de lait, pour un nourrisson qu’on vient d’amener, abandonné devant la porte.

  • Un uniforme scolaire, pour que Grâce, six ans, n’ait pas honte d’aller à l’école.

  • Des couches, des savons, des habits, un toit.

  • Des salaires pour les “tatas”, qui n’abandonnent jamais, même quand la fatigue est plus lourde que le silence.

Et puis, il y a ce besoin de locaux dignes, plus grands, plus sains, plus sûrs. Car le foyer, déjà exigu, déborde d’enfants. Les cris et les rires s’y entremêlent, parfois couverts par les pleurs de ceux qui ne comprennent pas encore pourquoi ils sont là.

Demain commence aujourd’hui

Il n’y a pas de caméra pour filmer leurs premiers pas. Pas de live pour partager leur premier sourire après le trauma. Et pourtant, chaque jour à Tomorrow’s Hope est une victoire sur le néant.
Ici, l’enfance se reconstruit à la main, avec des gestes simples : une berceuse, un bain chaud, un cahier neuf, une main qui ne frappe pas.

Ils ne demandent pas l’impossible. Juste qu’on pense à eux. Qu’on se souvienne qu’ils existent. Que le mot « orphelin » ne devienne pas une condamnation à perpétuité.

Un devoir collectif

Tomorrow’s Hope n’est pas qu’un orphelinat. C’est un appel au réveil de notre conscience. C’est un cri lancé depuis Daloa vers le reste du pays :
« Ne nous oubliez pas. »

Tandis que la Fondation Children of Africa continue de bâtir, d’innover, de tendre la main à l’échelle nationale, Tomorrow’s Hope rappelle que chaque région, chaque ville, chaque quartier a ses enfants oubliés.
Et que ces enfants-là n’ont pas moins le droit de rêver. Ils sont l’espoir de demain. Mais demain ne se construit pas sans nous.

FATEM CAMARA & AK

photos: dr

POUVOIRS MAGAZINE

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