Guillaume Soro : il va « sortir dans dos »

3 semaines

Guillaume Soro n’a jamais changé de logique : avec lui, l’État est toujours à défendre, puis à combattre, ensuite à rejoindre, et finalement à quitter.

Cette séquence s’est répétée, à l’identique, avec Laurent Gbagbo comme avec Alassane Ouattara, dans un cycle de fidélité conditionnelle au pouvoir.

Face à Gbagbo, il commence comme opposant armé en 2002, porté par une rébellion née d’un sentiment d’injustice institutionnelle.

En 2007, il accepte de devenir son Premier ministre dans un gouvernement de réconciliation, signé sous la pression internationale.

Mais à peine nommé, il est victime d’un attentat à Bouaké, dans son propre camp, preuve d’une confiance jamais acquise.

Il reste au gouvernement jusqu’en 2010, mais lorsque la crise post-électorale éclate, il quitte Gbagbo sans ambiguïté.

Il s’aligne derrière Ouattara, contribue à sa victoire armée, devient président de l’Assemblée nationale — deuxième homme de l’État.

Puis, peu à peu, il s’éloigne, critique, dénonce des dérives autoritaires, conteste une réforme constitutionnelle et refuse l’allégeance.

Il finit par rompre, tente une candidature indépendante en 2020.

Puis entre en rupture directe avec le régime Ouattara.

En 2021, il est condamné par contumace à la prison à vie pour complot, et s’installe durablement en exil.

Ce qu’il a fait avec Gbagbo, il l’a refait avec Ouattara : même cycle, même méthode, même distance finale.

Guillaume Soro ne trahit pas un président ; il quitte un État quand il considère qu’il ne le représente plus.

Il n’est pas fidèle aux hommes, mais à une idée du pouvoir qu’il estime légitime seulement quand il en est acteur.

Sa constance est dans le mouvement : il rejoint quand il pense pouvoir peser, il part quand il ne décide plus.

Soro fonctionne dans une logique d’État-personnel : il soutient ce qu’il construit, quitte ce qu’il ne contrôle pas ou juge illégitime.

Soro sort dans dos parce qu’il fonctionne en rupture, en stratégie, jamais en fidélité absolue. Il avance quand personne ne le pense capable, il tourne le dos quand on croit qu’il est encore loyal. C’est sa façon d’exister politiquement. Pour lui, l’effet de surprise est un levier, pas une trahison.

Ce n’est pas de la trahison au sens moral. C’est du calcul au sens politique.

C’est ce qui rend son parcours illisible pour certains, mais parfaitement cohérent pour ceux qui y voient une ligne politique dure.

AK

photo:dr

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