Elle est arrivée sans fracas, mais avec une vision.
Élue en janvier 2024 à la tête de l’Ordre des Experts-Comptables, Pascale Guei-Ecaré ne se contente pas d’être la première femme à occuper ce poste.
Elle veut déranger l’inertie, remettre le mérite au centre, et rendre la rigueur aussi inspirante que la réussite. Une pionnière aux multiples vies, bien décidée à faire tomber les murs.
Ce n’est pas un coup d’éclat. Ce n’est pas une revanche. C’est une bascule silencieuse, mais fondatrice.
Le 4 janvier 2024, dans une salle tendue d’enjeux et de tradition, Pascale Guei-Ecaré devient la première femme présidente de l’Ordre des Experts-Comptables de Côte d’Ivoire.
Pas d’ovation facile, pas de triomphalisme — juste un cap pris. 124 voix. Une volonté nette. Et un symbole énorme.
Mais avant d’arriver là, il fallait enjamber les obstacles, contourner les plafonds de verre, gravir des marches souvent invisibles.
Née à Abidjan, formée au prestigieux INPHB puis à Paris, Guei-Ecaré construit son parcours entre excellence académique et apprentissage de terrain.
Elle n’a jamais fait dans la demi-mesure : Deloitte, KPMG, CI-EXCELSIOR, USAID…
Partout, elle passe, elle structure, elle livre, elle transforme. Son diplôme français d’Expertise Comptable, elle le décroche en mai 2014, après des années d’expérience de haut vol.
Mais Pascale Guei-Ecaré ne se contente pas d’aligner les titres sur une carte de visite.
Elle bâtit des ponts là où d’autres posent des barrières. Elle crée des espaces d’ascension pour les jeunes, surtout pour les jeunes femmes.
Sa liste électorale portait un nom simple : Ensemble Bâtissons notre Profession.
Derrière ce slogan, une stratégie nette : déverrouiller l’accès au diplôme, redonner confiance aux nouvelles générations, faire de la compétence une culture.
La présidence de l’Ordre n’est pas son premier chantier.
Celle qui a présidé la FADECS, fondé BASE, dirigé des cabinets, formé des cohortes d’experts, est aussi une voix dans le débat public.
Elle enseigne, elle conseille, elle parle de foi, de chiffres, de transformation, sans jamais se trahir.
C’est aussi une croyante engagée, active dans plusieurs réseaux chrétiens, pour qui l’éthique n’est pas une façade mais une colonne vertébrale.
Sa force réside dans un mélange rare : technicité redoutable, simplicité d’approche, et vision long terme.
Son engagement ne connaît pas de frontières : CEDEAO, BAD, Orange, Nestlé, MTN, Bolloré, YARA, projets publics, universités…
Elle intervient partout où il faut rendre les systèmes plus fiables, les organisations plus saines, les jeunes plus armés.
Son objectif ? Que l’expert-comptable africain ne soit plus un gardien de chiffres, mais un bâtisseur d’avenir.
Elle rêve d’une profession moderne, agile, connectée, qui parle au continent et pas seulement aux bilans.
Son parcours est fait de constance, mais aussi de foi, de lectures, de musiques, de silences utiles et de décisions franches.
Le 4 janvier 2024, ce n’est pas une ligne qu’elle franchit : c’est une page qu’elle tourne pour toute une profession.
Dans un métier souvent perçu comme fermé, austère ou masculinisé, elle incarne un changement d’époque.
Pas une exception, mais un début. Un signal. Une méthode. Et surtout, un exemple.
AK
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE