Tabaski et pentecôte ont offert un long pont : on oppose l’islam et le christianisme pour rien

3 semaines

Cette semaine, les Ivoiriens profitent d’un long pont férié mêlant Tabaski musulmane et Pentecôte chrétienne dans un climat de cohabitation fragile.

Ce temps de repos devrait encourager la fraternité, mais on interprète mal certains propos. Et ravive des tensions entre croyants de foi différente.

Beaucoup pensent, à tort, que les musulmans sont opposés aux chrétiens. Et que l’Islam nie Jésus. C’est faux.
L’ignorance, souvent entretenue par la peur ou la désinformation, pousse certains à croire que le musulman est l’ennemi du chrétien.
Aucune base religieuse sérieuse ne soutient cette affirmation trompeuse. 
Au contraire, le Coran parle abondamment des chrétiens, avec respect, et leur accorde une place importante dans le récit spirituel.
Dans la sourate 4, verset 171, le Coran invite les chrétiens à ne pas exagérer à propos de Jésus, sans l’insulter.
Il y est écrit que Jésus est le Messie, fils de Marie, un esprit venu de Dieu, un être béni.
Un musulman qui ne reconnaît pas Jésus-Christ comme prophète ne suit pas fidèlement les enseignements fondamentaux de l’islam.
Le Coran le cite comme un homme pur, né miraculeusement, porteur de lumière, de sagesse et de compassion pour l’humanité entière.
D’ailleurs, la Vierge Marie, sa mère, a droit à un chapitre entier dans le Coran, le chapitre 19 : Maryam.
Aucune autre femme ne reçoit un tel honneur dans le Coran. Preuve de l’admiration immense des musulmans envers elle.
La naissance de Jésus que le Coran raconte comprend des détails : l’annonce divine, l’enfantement miraculeux, la parole du nouveau-né.


Le Coran ne raconte pas la naissance du prophète Mohammed, bien qu’il en soit le destinataire principal. Ce fait est frappant.


Cela montre que Jésus, dans le Coran, a une place spirituelle centrale et symbolique. Une place que les musulmans sincères reconnaissent et vénèrent.
On doit connaitre, enseignée cette proximité et non la caricaturer pour alimenter la haine entre deux religions.
Le dialogue entre musulmans et chrétiens repose sur ces bases communes, trop souvent ignorées ou volontairement effacées du débat public.

Par le passé, le chanteur Tangara avait été violemment critiqué pour avoir chanté « Jésus n’a pas été sacrifié » dans un morceau très controversé.
Extrait du titre « Cruxifix », chanson de son album « Show biz ti requin », ce refrain a semé trouble et indignation publique.
Pour les chrétiens, cette phrase nie la crucifixion, fondement de leur foi, pourtant vue différemment dans la tradition islamique coranique.
Cette confusion montre l’urgence de mieux expliquer nos différences, sans haine, pour bâtir une société ivoirienne pacifique et religieusement instruite.
L’antéchrist n’est pas un chrétien, ni un musulman. C’est une figure symbolique, liée à l’épreuve de la fin des temps.
Le musulman sincère aime Jésus, respecte Marie et reconnaît la place des chrétiens comme détenteurs d’un Livre révélé par Dieu.
Pour vivre ensemble, il faut apprendre à connaître l’autre, et cela commence par la lecture des textes, sans peur ni haine.

MARIE GNIALET

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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