Entreprises et climat : responsabilité, réduction des émissions et engagements à l’horizon 2025

3 semaines

Face au dérèglement climatique, les entreprises sont devenues des acteurs essentiels dans la course mondiale à la neutralité carbone.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) est une responsabilité partagée, mais elle repose largement sur un noyau restreint d’acteurs.
En effet, seulement 1 % des entreprises cotées génèrent 55 % des émissions carbonées des marchés mondiaux, selon MSCI Sustainability Institute.
Ces entreprises se concentrent principalement dans les secteurs énergie, services publics et matériaux de base, les plus émetteurs historiquement.
Les entreprises cotées sont collectivement responsables d’environ 20 % des émissions globales, bien qu’elles représentent une minorité économique mondiale.
Leurs décisions stratégiques peuvent donc fortement influencer la trajectoire climatique mondiale au cours de cette décennie critique.

Des engagements, mais une trajectoire encore insuffisante

Les entreprises commencent à intégrer des objectifs climatiques, mais leur alignement avec les objectifs de l’Accord de Paris reste fragile.
Seulement 12 % des sociétés analysées suivent une trajectoire compatible avec un réchauffement inférieur ou égal à 1,5 °C.
27 % visent une trajectoire entre 1,5 °C et 2 °C, tandis que 38 % sont au-delà de 2 °C, voire 3,2 °C.
Enfin, 24 % suivent une trajectoire dépassant 3,2 °C, une situation incompatible avec les limites climatiques sûres pour l’humanité.

Objectifs par secteur : contrastes et limites

L’initiative Science-Based Targets (SBTi) certifie les objectifs compatibles avec un réchauffement limité à 1,5 °C.
Voici la part des entreprises avec des objectifs validés par secteur au 31 mars 2025 (source : MSCI ESG Research) :

  • Industrie : 22 %

  • Consommation discrétionnaire : 16 %

  • Technologies de l’information : 14 %

  • Biens de consommation : 9 %

  • Matériaux : 9 %

  • Immobilier : 8 %

  • Santé : 7 %

  • Finance : 6 %

  • Télécoms : 6 %

  • Services publics : 3 %

  • Énergie : 0 %

Les entreprises énergétiques n’ont aucun objectif validé, car SBTi ne certifie pas encore les plans des producteurs de pétrole et gaz.
Cela illustre un vide réglementaire préoccupant, car ces acteurs détiennent une grande part du potentiel d’atténuation global.

Un budget carbone sous pression

Si les émissions restent au niveau actuel, le budget carbone pour rester sous 1,5 °C sera épuisé dans 2 ans et 8 mois.
Pour limiter le réchauffement à 2 °C, ce budget serait consommé en 8 ans et 11 mois, selon les données 2025 de MSCI.
Cela montre l’urgence d’accélérer les efforts et d’élargir l’adhésion aux trajectoires scientifiques validées.

Cette citation rappelle que les entreprises ont une responsabilité intergénérationnelle. Elles doivent désormais joindre ambition et action pour préserver l’avenir.

Par Camus BOMISSO, FRM 

photo:dr

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