Un nouveau procès très attendu s’ouvre ce lundi 28 avril au tribunal de première instance d’Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Il concerne une tentative de coup d’État présumée, dont les faits remontent à 2022, en pleine période de tensions politiques.
Même si on ne vise pas l’ancien chef rebelle Guillaume Soro formellement, sa figure plane sur l’ensemble de cette affaire.
Le principal accusé, Abdoulaye Fofana, fut autrefois l’un des plus proches collaborateurs de Soro, dont il était l’aide de camp.
Il comparaît aujourd’hui aux côtés de quatorze autres personnes.
Toutes détenues depuis leur arrestation au pôle pénal d’Abidjan.
Les charges sont lourdes : complot contre l’autorité de l’État, constitution de bandes armées et trouble à l’ordre public.
À cela s’ajoutent des accusations de détention illégale d’armes à feu, sans autorisation des autorités compétentes ivoiriennes.
Si les faits sont retenus, les accusés risquent de lourdes peines, allant jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité.
La majorité des coaccusés, selon les éléments du dossier, sont d’anciens militaires ou membres des forces de sécurité nationales.
Toujours selon une source judiciaire, Abdoulaye Fofana les aurait recrutés à distance depuis son exil sur le sol français.
Leur objectif aurait été de s’infiltrer dans plusieurs camps militaires à travers le pays pour tenter un coup de force.
Le plan présumé comprenait aussi, fait grave, l’enlèvement du président Alassane Ouattara pour déstabiliser les institutions.
Le 3 mai 2022, les forces de sécurité ont interpellé Fofana dans la commune résidentielle de Cocody, à Abidjan.
Lors de son arrestation, il aurait avoué sa volonté de renverser le régime en place.
Avant de se rétracter plus tard.
Ces aveux initiaux, suivis d’un revirement, constituent un élément clé du dossier examiné par la justice ivoirienne.
Parmi les principaux collaborateurs de Fofana figurent deux individus : Mory Konaté et Teningnon Berna Coulibaly, alias « Katis Guépard ».
Konaté aurait supervisé le recrutement de militaires dissidents pour les intégrer au sein de cette opération clandestine.
Quant à Coulibaly, il était chargé de fournir une protection mystique censée garantir le succès du projet subversif.
Un marabout, dont le nom n’a pas encore été rendu public, figure également parmi les personnes poursuivies dans cette affaire.
Les autorités voient dans cette association une tentative de résurgence de réseaux liés à l’ancien régime ou à la rébellion passée.
Le procès s’annonce long et sensible, à cause du profil des accusés et des enjeux politiques sous-jacents.
Il s’inscrit dans un contexte où le pouvoir actuel renforce la surveillance des anciens alliés de Guillaume Soro.
Déjà en rupture avec le régime d’Abidjan qui le vise dans plusieurs affaires, bien qu’il nie toute implication directe.
Ce procès sera donc scruté de près, tant par les observateurs internationaux que par les acteurs politiques ivoiriens eux-mêmes.
ETHAN GNOGBO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE