5 février: hommage à Anouma Brou Félix

2 mois

Aujourd’hui, le 5 février, POUVOIRS MAGAZINE nous invite à élever nos pensées en hommage à Anoumah Brou Félix.

Un homme dont le parcours, marqué par la force du destin et l’éclat de la musique, aurait dû nous offrir 90 ans de sagesse, de créativité et de résonances profondes.

Né à Adzopé le 5 février 1935, Anoumah est un point de rencontre entre l’héritage de son père, Michel Katou, menuisier et charpentier, et celui de sa mère, Angèle Chanin, femme au foyer originaire d’Akouzin. Mais la vie n’a pas été tendre avec lui, car ses parents décèdent alors qu’il est encore un jeune garçon. A peine âgé de 12 ans. Seul, mais avec une soif inextinguible de trouver son propre chemin, il s’illustre dès son plus jeune âge. Il occupe de petits métiers pour subvenir à ses besoins.

ANOUMA

Il aime jouer de la guitare, et cette passion l’accompagnera tout au long de sa vie. Transformant l’orphelin en artiste.

La guitare, il se la fabrique lui-même au début, se nourrissant de son ingéniosité, d’une intuition brute. Puis c’est un banjo, cadeau de ses frères, qui devient son instrument de prédilection. Celui qui le relie à la magie des sons, à la poésie de la musique. C’est à travers cet instrument qu’il prend ses premiers pas. Hésitants mais confiants, dans l’univers musical. À l’adolescence, il décide de tenter sa chance, se présentant un soir, simplement armé de son banjo et de son intuition.

Le public accepte sa proposition, et Anoumah, le jeune autodidacte, trouve dans cette reconnaissance une porte d’entrée vers sa propre légende.

Il n’a pas besoin de passer par les voies traditionnelles de la musique. Anoumah est un homme de cœur, un autodidacte guidé par l’instinct. Ses mains courent sur les cordes et dessinent des mélodies comme on sculpte une œuvre d’art. Il devient, à force de travail et d’intuition, un virtuose de la guitare.

Anoumah abandonne le banjo pour la guitare et fait ses premiers pas sur la scène abidjanaise, la capitale des possibles. Il y fonde le groupe Ivoiris Band. C’est dans ce groupe qu’il rencontre Okoi Séka Athanase, un nom que l’histoire retiendra pour sa fille, la talentueuse Monique Séka. Anoumah cède à son ami le rôle de chanteur. Et choisit de se consacrer pleinement à sa guitare. Ce choix s’avère crucial : il devient, à l’aube des années 70, l’un des guitaristes les plus respectés de la scène ivoirienne.

Le public s’enflamme pour lui avec des chansons comme “Hankoileu”, dans lesquelles il invite à la fête et à l’unité, proclamant : « chez  nous il y a la joie, venez qu’on s’amuse ensemble ». Cette chanson, résonnant comme un hymne à la convivialité et à la solidarité, marquera les esprits. Et influencera de nombreux artistes de la scène ivoirienne. Espoir 200 par exemple. Anoumah Brou Félix incarne alors l’image du guitar hero ivoirien. Un musicien capable de tenir son public en haleine, un artiste qui unit par ses accords et ses paroles.

Ce nationaliste, ce patriote, porte haut l’identité ivoirienne et chante d’abord pour le peuple des Attiés, avant de rayonner bien au-delà des frontières de son pays.

En 1973, après un passage en France, il revient avec un album mémorable. Le Retour d’Anoumah Brou Félix. Cet album, reflet de son univers musical et de ses expériences, vient couronner une carrière déjà riche de 45 albums. Anoumah Brou Félix, c’est bien plus qu’un artiste. C’est un pionnier, un visionnaire dont les mélodies ont traversé le temps et l’espace. Sa guitare, son chant, et son héritage, se sont inscrits dans la mémoire collective de toute une génération. Il est décédé le 2 octobre 2021.

Aujourd’hui, il aurait eu 90 ans. Même si le temps a effacé le visage de l’homme, sa musique, elle, demeure. Son œuvre continue de vivre, d’influencer, et d’inspirer ceux qui, comme lui, croient en la puissance de la musique. Pour transcender les épreuves et les frontières. Anoumah Brou Félix n’est pas seulement un guitariste, il est une légende vivante. Et l’auteur et enseignant Zacharie Acafou lui a consacré aux bons soins des Editions Eburnie chère à Mme Amoikon Fauquembergue, un ouvrage. Ce dernier a bénéficié du soutien d’Olivier Adiaffi pour l »infographie, Tiburce Koffi pour la direction et Zacharie Séry Bailly pour la préface.  Une étoile ne s’éteint pas. Puisse cet hommage de POUVOIRS MAGAZINE être à la hauteur de son génie et de sa contribution à la musique, à la culture ivoirienne, et au monde.

ALEX KIPRE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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