De l’informel aux règles de l’art. La compagnie Dumanlé travaille ces dernières semaines sur un projet de codification.
Et numérisation d’une partie du répertoire musical de ses spectacles produits depuis sa création en 2013.
Il s’agit, en pratique, de l’enregistrement en live des parties musique et chant de certains spectacles de la troupe. Sous la direction d’Adolphe Yacé, ingénieur de son et directeur de l’Ecole Supérieure de Danse et de Musique de l’INSAAC. L’objectif est de produire une œuvre discographique à part entière.
En fin de semaine dernière, nous avons pu assister à l’une des séances d’enregistrement? au Palais de la culture à Treichville. Dans la salle Niangoran Porquet. Privatisée la « petite salle du Palais » avait des allures de studio d’enregistrement. Les musiciens de Dumanlé y ont déroulé un répertoire de huit chansons diversement en Baoulé, Bété, Dioula, Gagou, etc.
Tambours (à fond), balafon, accordéon et calebasse sont les principaux instrument de ces hymnes à la concorde. Et à la paix des peuples de Côte d’Ivoire. «Baptisé « Terre d’Eburnie », cet ambitieux album musical en préparation vise principalement à élargir la palette artistique de la troupe chorégraphique.
Dans le champ des spectacles vivants, et ainsi multiplier potentiellement ses chances de décrocher des contrats de spectacles dans des festivals de musique.
« On a pris conscience qu’en adaptant nos créations en version musicale, cela pouvait constituer un atout. Pour des gains potentiels et renforcer la dimension professionnelle de la compagnie. Et c’est aussi une façon de montrer la voie, de donner l’exemple aux compagnies de danses ivoiriennes dans leur ensemble. En ce sens qu’on peut aller plus loin dans les formats que nous proposons afin d’être encore plus solide. Et efficace dans le monde du spectacle ». Explique de cette idée astucieuse Hermann Nikoko, le directeur artistique de la compagnie Dumanlé, chorégraphe lauréat en aout 2024 du Prix d’excellence de la présidence de la République.
S’inscrivant dans les standards professionnels de l’art, la production de cet album s’accompagne de toute la protection juridique qui va avec.
A savoir les déclarations légales au BURIDA des auteurs compositeurs, des musiciens.
Ou les arrangeurs et ingénieurs de son, etc aux crédits de l’œuvre.
Le projet de renforcement des compétences professionnelles de la compagnie Dumanlé bénéficie de l’accompagnement de Mamby Diomand, expert. Ce dernier, ancien Head of Event d’Universal Music Africa, est également l’organisateur principal du SIMA depuis 2022. Le sima est le Salon des Industries Musicales d’Afrique francophone.Par le passé, Mamby Diomand a produit des concerts de Kif No Boy, Naza, Burna Boy, Koffi Olomidé, entre autres artistes.
Hermann Nikoko, chorégraphe entreprenant et auteur de la pièce dystopique « Dans 978 ans », engage toujours sa compagnie Dumanlé dans des projets transversaux. En février 2025, après la sortie de l’album « Terre d’Eburnie » et de ses vidéos promotionnelles, un spectacle fusion des styles sera préparé à Abidjan.
Ce spectacle mettra en scène la danse Zaouli de Dumanlé, la musique flamenco avec Nino de Los Reyes et la musique Gnawa de Hassan Boussou.
Les esclaves subsahariens ont introduit la musique Gnawa, d’origine ouest-africaine au Maroc au XVe siècle. Aujourd’hui, elle est un élément culturel majeur du Maroc, qu’on célèbre chaque année lors du festival Gnaoua d’Essaouira. Ce spectacle fusion, joué l’an dernier au festival d’Essaouira, aura lieu le 23 mai 2025 à l’Institut Français de Côte d’Ivoire.
Aaron Leslie
photo: dr
POUVOIRS MAGAZINE