La politique, par essence, est un espace de possibilités infinies. Et bien que la situation actuelle semble marquer une distance considérable entre Guillaume Soro et Alassane Ouattara, plusieurs dynamiques montrent que la réconciliation, bien qu’encore complexe, reste à portée de main. Si la situation ivoirienne l’exige, des rapprochements improbables peuvent se concrétiser. Portés par le pragmatisme politique, les médiations, et la volonté de renforcer la paix et la cohésion nationale.
Un premier élément clé à souligner est la médiation active de Faure Gnassingbé, président du Togo. Son implication constitue un levier déterminant. Son rôle de médiateur permet d’ouvrir des perspectives de dialogue. Tout en respectant les intérêts de chaque acteur politique. De plus, la position stratégique de Guillaume Soro, qui reste un conseiller informel auprès des dirigeants du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso), est un atout indéniable. Paradoxalement. Cette proximité géopolitique renforce son influence. Et en fait un interlocuteur incontournable dans les discussions sur la stabilité de la sous-région.
La politique, avant tout, s’appuie sur le pragmatisme. En période de tension ou de défis internes, un rapprochement entre les deux anciens alliés pourrait offrir une stabilité bienvenue à la Côte d’Ivoire. À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, Ouattara pourrait voir dans un rapprochement avec Soro un moyen de renforcer son pouvoir. Et d’assurer une gouvernance plus inclusive. Une telle réconciliation pourrait également permettre de pacifier les tensions internes et d’offrir un avenir plus serein aux Ivoiriens. En particulier ceux issus de l’opposition.
Des intérêts communs pour la paix et la cohésion
Bien que les divergences politiques soient évidentes, plusieurs intérêts communs existent. L’un des plus importants reste la recherche de la paix et de la stabilité pour la Côte d’Ivoire. Soro, fort de son expérience et de son passé de leader, demeure une figure influente capable d’aider à désamorcer des tensions. L’ouverture d’un dialogue, basé sur des intérêts partagés et une vision commune pour la nation, pourrait se révéler bénéfique. Ouattara, après plus de 10 ans à la tête du pays, pourrait être disposé à intégrer des acteurs politiques de l’opposition, dont Soro, afin de constituer une majorité nationale plus solide.
Des précédents et des similitudes en Afrique, comme celui de la réintégration politique de Laurent Gbagbo, montrent qu’il est possible de surmonter des décennies d’inimitié pour favoriser la paix. Les deux camps pourraient être amenés à prendre des mesures audacieuses. Qu’il s’agisse de gestes symboliques ou d’un processus d’amnistie. Comme celui qui a permis à certains leaders africains de revenir dans le jeu politique. Une amnistie partielle pourrait permettre à Soro de participer à la prochaine élection présidentielle sans crainte de poursuites judiciaires. Tout en contribuant à une atmosphère de réconciliation nationale. Ou encore un retour après une victoire de Ouattara, du candidat Rhdp ou d’un actuel opposant.
Le frein ne signifie pas la fin.
Il est également important de souligner que la politique évolue avec le contexte socio-économique. Si la situation en Côte d’Ivoire venait à se détériorer, ou si des pressions populaires en faveur de la réconciliation devenaient plus fortes, Ouattara pourrait voir d’un autre œil l’opportunité de réintégrer Soro dans le processus politique. De telles évolutions sociales peuvent servir de catalyseur pour des négociations plus profondes, et même transformer une situation apparemment figée en une véritable occasion de renouveau.
Guillaume Soro, en dépit des obstacles qui subsistent, va jouer un rôle majeur dans l’avenir de la politique ivoirienne. Ouattara ne refuse de prendre ses appels. C’est un signe. Ils a enregistré ses vœux. Parmi ses vœux, la libération des proches de Soro. C’est fait. La situation juridique qui l’oppose à la justice reste un frein. Mais il n’est pas exclu que des solutions puissent être trouvées, permettant ainsi son retour dans le jeu politique. L’histoire de la Côte d’Ivoire a montré que des réconciliations longtemps jugées impossibles peuvent se concrétiser lorsque les conditions sont réunies.
La réconciliation entre Ouattara et Soro est loin d’être une utopie. Au contraire est la clé pour une Côte d’Ivoire plus stable, inclusive et tournée vers l’avenir.
JULIEN BOUABRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE