Ce 6 janvier marque le premier anniversaire de la disparition d’un animateur pas comme les autres, surnommé Anaconda.
Un an déjà que l’homme au verbe tranchant et aux questions qui fâchent a quitté le monde du showbiz et de la télévision.
Laissant un vide dans l’univers de l’animation et des médias ivoiriens.
De son vrai nom Adams Diallo, Anaconda était un personnage complexe. Un homme qui n’avait pas peur d’explorer les zones d’ombre, de fouiller dans les vies privées. Et de poser des questions que beaucoup n’oseraient même pas effleurer. Il savait comment provoquer, déstabiliser, et parfois même choquer, mais toujours avec un franc-parler qui faisait sa signature. Ceux qui l’ont connu se souviennent de ses questions qui pouvaient mettre mal à l’aise. De ses piques qui faisaient réagir, et de ses interventions qui ne laissaient personne indifférent.
Né et grandi dans la commune d’Attecoubé à Abidjan, Adams Diallo a eu une adolescence mouvementée. Fait des départs précipités et des expériences à l’étranger. En 2001, il se rend en Europe, mais son séjour ne dure que trois mois, faute de maturité à l’époque. Il revient alors au pays, où il se plonge dans la vie nocturne, observant les modes et les comportements des noctambules.
Cela devient une passion : les boîtes de nuit, le showbiz, et surtout, les personnalités influentes qui les fréquentaient. Il adopte un style vestimentaire plus affirmé, inspiré des friperies et de ce qu’il voit autour de lui. Et c’est ainsi qu’il se fait remarquer par Bokolobango, un artiste et patron de bar, qui lui donne son premier boulot.
C’est ce même Bokolobango qui l’introduit dans l’univers du showbiz.
où il se lie d’amitié avec des figures de la Jet Set et des médias, tels que Yve De M’bella ou encore Eric Didia (dit Roro), qui lui attribuera le surnom d’Anaconda. Un nom qui va rester gravé dans l’histoire de l’animation télévisée ivoirienne.
Le parcours d’Anaconda : de réceptionniste à animateur à succès
À ses débuts, Anaconda travaille comme réceptionniste à Radio Ivoire FM, où il se distingue rapidement grâce à sa curiosité et son goût pour l’apprentissage. Son ascension est fulgurante : playlisté, puis animateur, il se fait connaître du grand public. Lors de la création de Ivoire TV, il devient animateur de l’émission Faha-Faha, un programme où toutes les questions sont permises et où la liberté d’expression règne en maître.
Aux côtés de Serge Defalet, il devient l’un des binômes les plus redoutables du petit écran. Anaconda ne se contentait pas d’interroger ses invités, il les provoquait, les déstabilisait, voire les mettait mal à l’aise. Il n’avait pas peur de faire parler les gens et de sortir des zones de confort. L’émission Peoplemik (PPLK), qu’il animait, restera gravée dans les mémoires pour ses échanges musclés et ses questions sans filtre.
On se souvient notamment de l’attaque qu’il avait lancée contre Camille Makosso en octobre 2022.
Le pasteur, pris à partie par Anaconda, n’avait pas apprécié les critiques acerbes de ce dernier. L’animateur lui avait demandé : « Makosso, soit tu es pasteur, soit tu es agent immobilier ou influenceur. Tu es vulgaire sur les réseaux sociaux. Ne penses-tu pas être une honte pour tes fidèles ? ». La question, tranchante, avait provoqué une réaction virulente du général Makosso qui avait quitté son siège en furie.
Anaconda ne se contentait pas de s’attaquer aux hommes de Dieu. Il avait également ses victimes dans le monde du spectacle, à l’image de Gbazé Thérèse, l’actrice qu’il avait qualifiée de « Gnanhi », avec une question tout aussi cinglante : « Au-delà des cheveux blancs, je la trouve assez rajeunie. C’est quoi le truc ? Tu es arrivée dans le clan des gnanhi ? Les vieilles femmes qui sortent avec les gamins et qui leur donnent un peu d’argent. »
Que l’on aime ou que l’on n’aime pas Anaconda, force est de reconnaître qu’il a marqué l’univers de l’animation télévisée en Côte d’Ivoire. Avec son franc-parler et ses questions qui dérangeaient, il n’a jamais laissé indifférent. Son style direct, parfois brutal, mais toujours authentique, lui a permis de se créer une place unique dans le milieu.
Anaconda faisait partie de ces personnalités que l’on ne pouvait ignorer, qu’on appréciait ou détestait.
mais que l’on respectait pour sa manière de bousculer les codes.
Un an après sa disparition, il manque à la télévision ivoirienne, et particulièrement à l’émission Peoplemik, qu’il animait avec une verve inimitable. Anaconda était l’un des derniers à oser poser les questions qui fâchent, à ne pas avoir peur d’aller là où d’autres s’arrêtaient.
Il est vrai que son absence se fait sentir, mais son héritage perdure dans les esprits et dans les souvenirs de ceux qui ont suivi ses émissions. Que sa mémoire soit honorée, et que ses collègues, comme ses admirateurs, n’oublient jamais celui qui n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pensait, même si cela dérangeait.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE