La Cour des Comptes, un silence inquiétant ou complice

2 semaines

Jusqu’à ce jour, et sauf évolution de dernière minute, nous avons entamé l’année 2025 sans que la Cour des comptes ait présenté son rapport annuel.

Un retard inquiétant qui soulève plusieurs interrogations. En effet, il est devenu particulièrement rare que l’institution soit silencieuse à un moment aussi crucial de l’année. Le constat est alarmant. La Cour des comptes, censée fournir des informations transparentes et objectives sur la gestion des finances publiques, n’a pas respecté son calendrier.

Ce silence pourrait avoir des conséquences graves sur la confiance des citoyens dans les mécanismes de contrôle de l’État.

Conformément à l’article 19 de la loi n° 2018-979 du 27 décembre 2018, « la Cour des comptes adresse au Président de la République et présente au Parlement. Ainsi qu’au Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel, au plus tard à la fin de l’année suivant la clôture de l’exercice, un rapport public annuel. Dans lequel elle expose ses observations et en tire les enseignements« .

Selon cette disposition légale, le rapport sur les comptes de l’exercice 2023 aurait dû être publié avant la fin de l’année 2024.

Or, à l’aube de 2025, le rapport sur l’exercice 2023 reste introuvable. Il est désormais urgent de comprendre les raisons de ce retard et d’en connaître les implications. Pour la gestion publique et la gouvernance en Côte d’Ivoire.

Le retard dans la publication du rapport suscite des questions légitimes. La polémique née du précédent rapport de la Cour, en 2022, a-t-elle joué un rôle dans cette situation ? En particulier, les révélations sur la gestion financière de la concession des passeports par la société SNEDAI, que dirige Adama Bictogo, le Président de l’Assemblée Nationale, ont provoqué des remous dans le milieu politique et médiatique.

Cette situation a-t-elle, d’une manière ou d’une autre, dissuadé la Cour des comptes de rendre son rapport en temps voulu ? L’ombre de ces controverses pourrait-elle avoir influencé l’attitude de l’institution chargée de veiller à la bonne gestion des fonds publics ?

Les Ivoiriens attendent avec impatience ce rapport.

Notamment des éclaircissements sur plusieurs sujets d’importance capitale.

Parmi les points d’attention majeurs figurent la gestion des sociétés publiques, dont la transparence est primordiale. Ainsi que les projets d’envergure, tels que la construction des stades. En particulier celui d’Ebimpé, qui a soulevé de nombreuses interrogations sur sa gestion financière et la qualité de son financement. Les Ivoiriens sont également préoccupés par la question du financement des partis politiques, un sujet souvent source de tensions et d’opacité dans le pays.

Dans un contexte où les dépenses publiques sont scrutées de plus en plus rigoureusement, l’absence de ce rapport annuel est un manquement à la loi. Mais aussi un signe inquiétant d’une possible dérive dans le système de contrôle des finances publiques. Il est crucial que la Cour des comptes joue pleinement son rôle en matière de transparence. De redevabilité et de prévention des mauvaises pratiques de gestion. Si cette institution ne remplit pas ses obligations, c’est la crédibilité de l’ensemble du système de contrôle public qui en souffre.

Les autorités compétentes doivent désormais se prononcer sur cette situation.

L’absence de communication claire sur les raisons de ce retard crée un climat de doute qui pourrait affecter la confiance des citoyens dans la gestion publique. La Cour des comptes doit redoubler d’efforts pour restaurer cette confiance. Car l’enjeu dépasse largement les questions administratives. Il s’agit de garantir à la population ivoirienne qu’à 10 mois de la Présidentielle ses finances publiques sont bien gérées. De manière transparente et responsable.

Ainsi, l’attente du rapport 2023 ne doit pas devenir une simple formalité administrative. Il est fondamental qu’il livre des éléments de réponse concrets aux préoccupations de la population. Surtout dans un contexte où l’inefficacité de l’État en matière de gestion financière est de plus en plus dénoncée. Les Ivoiriens attendent des garanties sur l’utilisation des fonds publics, et plus particulièrement sur des projets de grande envergure qui touchent directement leur quotidien.

Il est donc impératif que la Cour des comptes sorte de son silence et tienne sa promesse de transparence envers le peuple ivoirien. Au-delà du respect de la loi, c’est la réputation de l’institution. Mais aussi la gouvernance de l’État tout entier, qui est en jeu.

Tama César.

photo:dr

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