L’ancien attaquant de Montpellier, Marseille et de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire revient sur des souvenirs dans cette interview.
Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez évolué ?
Il y a d’abord Didier Drogba, même si nous n’avons pas vraiment joué ensemble (35 minutes à Marseille). Je me souviens du match à Guingamp (1-0, le 2 août 2003), où j’avais raté une occasion. Il est venu vers moi et m’a dit : « Bak, tu restes devant, je vais aller chercher le ballon. » Dès qu’il l’a eu, il me l’a donné, j’ai marqué et il a été le premier à venir me féliciter.
À Montpellier, il y a aussi Laurent Robert et Philippe Delaye : à chaque fois qu’ils avaient le ballon, on savait comment se retrouver. Avec Fabien Lefèvre, également. Ils sont nombreux, on ne peut pas tous les citer (rires).
L’adversaire le plus fort que vous avez affronté ?
Quand on arrête de jouer, on ne se souvient pas vraiment de ceux qui nous ont bloqués. On se dit simplement qu’on n’a pas gagné, c’est tout… Cependant, j’ai été impressionné par Marco Materazzi. On a joué ensemble à Everton (1998-1999), puis je l’ai affronté (2005-2007). C’est vraiment en Italie que j’ai vu de très grands défenseurs, comme Lilian Thuram : c’était vraiment costaud !
Le joueur le plus drôle ?
Ivan De La Peña (Marseille, 1999-2000). Il était simple et aimait taquiner les autres. Dans les vestiaires et à l’entraînement, il était toujours un peu blagueur. Un homme très sympa et humble. Je l’aimais beaucoup. Il avait aussi une capacité à faire des passes de 45 mètres du plat du pied, c’était très fort.
Le plus fêtard ?
Je m’occupe peu de la vie privée des autres, je restais beaucoup chez moi, à la maison. Si tu penses que quelqu’un est fêtard, c’est probablement parce que tu passes beaucoup de temps avec lui (rires) ! Donc je ne peux pas vous dire.
Le coéquipier que vous aimeriez revoir ?
Djamel Belmadi ! Il est venu à Abidjan récemment, mais nous ne nous sommes pas vus. C’est vraiment un frère, on a passé de très bons moments ensemble à Marseille (2000-2003). Avec lui et Abdoulaye Meïté, on était tout le temps ensemble.
Une belle rencontre ?
J’ai joué avec Sergio Conceição. C’était exceptionnel. Au PAOK (2008-2009), j’étais très ami avec lui, il y avait une superbe ambiance. Nous sommes encore en contact. Quand il a signé à Nantes (en tant qu’entraîneur, en 2016-2017), je suis allé l’assister. Il me donne beaucoup de conseils. C’est une personne très franche et directe.
Le moment où vous vous êtes senti le plus fort ?
Quand j’étais à Marseille, l’année où on a été champions d’automne (2002-2003). Malheureusement, le groupe n’a pas été fort mentalement dans le sprint final et nous avons terminé troisièmes. Mais je voulais vraiment gagner quelque chose avec ce club, et aussi lui montrer ma fidélité.
Votre plus grande fierté ?
La sélection. Être parmi les meilleurs buteurs jusqu’à aujourd’hui (certaines sources indiquent 30 buts en 45 sélections, lui affirme plus), capitaine… C’était non négociable. Même quand j’ai signé à Everton, c’était difficile pour le club de me laisser partir en sélection, mais c’était non négociable. Mon plus grand regret, c’est de n’avoir pas pu gagner une Coupe d’Afrique avec mon pays. La Côte d’Ivoire est ma finalité. Vous imaginez que je n’ai jamais pris de vacances en dehors de mon pays ? J’aime mon pays, j’y suis très heureux. Et les deux villes où je suis le moins stressé sont Montpellier et Marseille. J’aime beaucoup le Sud, car les gens sont directs. Quand ils t’apprécient, ils te le disent. C’est une ambiance différente.
L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Tout a commencé avec Mama Ouattara (disparu en 2004), paix à son âme, et Fleury Di Nallo : mes deux premiers entraîneurs quand je suis arrivé à Montpellier. Ensuite, j’ai été à la disposition de Michel Mézy, qui m’a beaucoup apporté. Il m’a soutenu de manière indéfectible.
Le dirigeant qui vous a le plus marqué ?
Ça va vous surprendre, mais Louis Nicollin et Robert-Louis Dreyfus, c’était vraiment la classe. Ils n’étaient pas obsédés par l’argent. Pour eux, c’était l’humain qui comptait.
Un transfert qui aurait pu se faire ?
Il y en a eu beaucoup, notamment quand j’étais à Marseille. J’aurais pu gagner plus ailleurs, mais je ne regrette pas d’être resté. Ma philosophie, c’est que partout où je suis, c’est un grand club. Le plus grand, c’est celui qui te considère. C’est la valeur que mon père nous a donnée. Il m’est arrivé d’être sur la liste des transferts, mais jamais vous ne m’avez entendu dire du mal de là où j’étais.
La meilleure équipe dans laquelle vous avez joué ?
En France, je dirais Montpellier lors de ma deuxième année (1996-1997). On avait une très bonne équipe, on est allé en demi-finales de la Coupe de France (0-2, après prolongations, contre Guingamp) et en Coupe de la Ligue (2-2, 6-7 aux tirs au but contre Bordeaux). C’était une vraie famille, on était très proches. Et après, il y avait aussi la Gambardella. C’était une aventure : pas de prime, mais on était heureux de voir dans les yeux du président Nicollin qu’il voulait vraiment gagner la Gambardella pour la première fois. Il venait tout le temps, laissant l’équipe première pour nous voir.
Le moment qui a le plus compté ?
Quand je marque le but en finale de la Gambardella (1-0 contre Nantes, le 11 mai 1996), celui qui m’a permis de signer professionnel. À l’époque, c’était compliqué de signer en Europe. C’était un but du pied gauche, un souvenir inoubliable. À ce moment-là, je pense au président et à la joie que cela a pu lui procurer. J’ai une fierté intérieure que je n’exprime pas toujours, mais quand quelqu’un éprouve du plaisir, cela me procure plus de joie que pour moi-même.
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