J.B. Amichia sur la critique sociale de l’Abissa: « permettre au peuple de critiquer les gouvernants »

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Au moment où l’Abissa 2024 bat son plein, Jean-Baptiste Amichia, président du comité d’organisation, nous explique les particularités de cette édition. Cette célèbre danse patrimoniale des N’Zima est un événement majeur.

Quelle est la thématique principale des festivités de l’Abissa 2024 ?

L’Abissa 2024 est placée sous le thème « L’Abissa, patrimoine des N’Zima de Côte d’Ivoire et du Ghana ». Pourquoi ce choix de patrimoine ? Au sein de la communauté N’Zima, plusieurs royautés coexistent. En rassemblant ces royautés, nous célébrons l’unité du peuple N’Zima, qui partage la même langue et des valeurs communes.

Lorsque les rois du Ghana sont venus, nous avons pu nous exprimer dans cette langue partagée. Nous partageons aussi sept grandes familles. Nous souhaitons démontrer comment ce peuple N’Zima peut pérenniser sa culture vivante, transmise aux jeunes générations.

L’Abissa ne se réduit pas à un folklore, mais représente des valeurs profondes comme le partage, la cohésion et la démocratie. Cet événement permet au peuple de se réunir chaque année pour régler les différends et se réconcilier avant de commencer une nouvelle année.

Les chefs N’Zima du Ghana étaient présents à l’Abissa l’an dernier. Était-ce important de les réinviter ?

Ce n’est pas une réinvitation au sens traditionnel. Quand on parle d’unité, cela implique que tout le peuple N’Zima célèbre l’Abissa ensemble. Nous avons effectué un parcours de l’Abissa, allant de Nouamou à Tiapoum, pour finir à Grand-Bassam.

Ce parcours symbolise l’unité, allant d’est en ouest, du soleil levant au soleil couchant. Peu importe qu’ils viennent ou non, l’Abissa appartient à un grand royaume avec plusieurs composantes.

Quelle est l’importance de la critique sociale dans l’Abissa ?

La critique sociale est cruciale pendant l’Abissa, car toutes les barrières sociales sont abolies. Cela permet au peuple de critiquer les gouvernants et les citoyens ordinaires. Les chansonniers, bénéficiant d’une immunité, expriment des faits avérés, qu’ils soient positifs ou négatifs.

Cela permet à ceux qui sont critiqués de s’améliorer. La critique sociale est donc essentielle, car elle aide à maintenir la cohésion de la communauté tout en rappelant au gouvernement que le pouvoir vient du peuple.

Quelle est la particularité de la journée de mardi dans l’Abissa ?

Cette journée marque la première sortie du roi, appelée la journée sacrée. Le tam-tam remis au roi le dimanche, qui n’avait pas tous ses attributs, est désormais flambant neuf. Il est prêt à rythmer les pas de danse durant la semaine festive.

Y a-t-il une nouveauté particulière cette année, notamment la journée du samedi, dédiée à l’hommage du peuple N’Zima ?

L’hommage n’est pas spécifique à l’Abissa, mais c’est un moment choisi pour honorer une personnalité. Depuis quelques années, l’accent est mis sur l’inscription de l’Abissa au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Cette année, le peuple a donné son accord, en collaboration avec le gouvernement et le ministère de la Culture. Ainsi, bien qu’il n’y ait pas d’hommage personnalisé, nous marquerons notre adhésion à cette démarche.

Cette année, la sécurité est-elle renforcée ?

Oui, lorsque l’événement prend de l’ampleur, la sécurité devient primordiale. Nous bénéficions d’une excellente collaboration avec les forces de l’ordre, y compris la gendarmerie et la police. Cela permet à la population de célébrer l’Abissa en toute sécurité.

C’est une rare occasion où les gens se déplacent librement à toute heure. Nous devons cette sécurité à la coopération entre les forces de l’ordre et la population. Nos jeunes assurent également un premier cordon de sécurité, offrant une protection et une dissuasion.

Propos recueillis par

Aaron Leslie

photo:dr

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