Démolition urbanisation et serpent: un équilibre fragile

2 heures

Démolir c’est bien. Mais ça ne se fait pas sans envers écologiques fâcheux.

Alors qu’Abidjan connaît une urbanisation rapide et intense, le paysage naturel se transforme profondément. Notamment à travers la démolition de maisons et la construction de nouveaux projets d’infrastructure. Cependant, ce processus d’urbanisation n’est pas sans conséquences sur la biodiversité. Notamment sur les populations de serpents, qui se retrouvent souvent délogées de leurs habitats naturels. Que ce soit Washington, Gobélé ou Gesco, les riverains voisins de ces quartiers avancent découvert beaucoup de serpents après ou au cours de ses opérations.

Les serpents, comme beaucoup d’autres espèces, jouent un rôle clé dans l’équilibre des écosystèmes. Ils régulent la population de rongeurs. Protégeant ainsi les cultures et évitant la prolifération de maladies transmises par ces petits mammifères. Or, les démolitions de maisons à Gesco, à Adjamé village, à l’Indénié et l’expansion urbaine forcent ces reptiles à se rapprocher des zones habitées. Augmentant ainsi les rencontres, souvent conflictuelles, entre serpents et humains.

Le développement d’Abidjan avance à grands pas. Celui des alentours aussi. Et le phénomène est particulièrement visible dans les zones rurales en voie d’urbanisation. Les vastes projets d’infrastructure, nécessaires pour répondre aux besoins croissants de la population, engendrent la destruction des habitats naturels des serpents. Les contraignant à migrer vers des espaces urbains.

Cette proximité accrue, accentuée par le manque de sensibilisation, augmente le risque de morsures et d’incidents. Alimentant une peur souvent irrationnelle envers ces reptiles.

Cependant, comme le souligne l’importance des serpents dans les écosystèmes, leur élimination ou disparition pourrait aggraver les problèmes sanitaires et agricoles.

Les serpents sont des prédateurs naturels de nombreux rongeurs destructeurs. Et leur absence pourrait entraîner une augmentation massive de ces nuisibles. Avec des conséquences économiques et environnementales lourdes pour les populations locales.

Par ailleurs, la perte de biodiversité liée à cette urbanisation pose également un problème médical. Car les venins de serpents ont permis le développement de nombreux traitements médicaux.

En Afrique, où les soins de santé peuvent parfois être limités, les découvertes issues de la nature, y compris celles liées aux venins de serpents, représentent des ressources précieuses.

Ainsi, dans le cadre de l’urbanisation en Afrique, un équilibre doit être trouvé entre développement et protection de la biodiversité. Protéger les serpents et leur habitat, tout en sensibilisant les populations locales à leur importance, permettra non seulement de préserver la richesse de la faune, mais aussi de maintenir un environnement sûr et sain pour les générations futures.

En fin de compte, l’urbanisation, bien qu’inévitable, doit être menée de manière durable. en tenant compte de la place des serpents dans l’écosystème et des bénéfices qu’ils apportent, que ce soit sur le plan environnemental ou médical.

ETHAN GNOGBO

photo: dr

POUVOIRS MAGAZINE

OPINIONS

DU MEME SUJET

G. Vincent Kodja: “Adjamé village? C’est comme voler la montre de quelqu’un, lui donner l’heure et exiger qu’il vous dise merci”

Le Pasteur Guy Vincent Kodja est intervenu pour réagir sur la démolition

Edito: les ombres du développement, l’écho silencieux des déplacés

Les anciens gardiens de la terre, contraints au départ, n’ont pas fui