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L’éditorialiste Ferro Bally livre son opinion sur le Parti de Laurent Gbagbo.

Le calme qui prévaut au PPA-CI n’est pas plat. Il ondule et murmure. Ce n’est pas encore le temps de la purge, mais sous forme de recadrage, l’heure des querelles domestiques ciblées a sonné.

Les 14 et 15 septembre 2024, Ahoua Don Mello n’a pas pu animer les conférences prévues respectivement à Dabou (capitale de la région des Grands Ponts) et à Koumassi (commune d’Abidjan). Il ne pourra pas non plus se rendre dans les fédérations de l’intérieur du pays, qui le sollicitaient pour mobiliser les militants.

Le vice-président du PPA-CI, en charge du district des Lacs et de la promotion du panafricanisme, a été stoppé net dans son élan. Le 12 septembre, un communiqué du secrétaire général du parti, Jean-Gervais Tchéidé, auquel il “attache du prix”, a mis le holà.

Le porte-parole du parti a demandé “à toutes les fédérations de surseoir momentanément aux activités qui ne sont pas directement liées à la phase 3 de l’opération Cap 2025. Pour se consacrer aux différentes tâches de cette mission.”

La direction du parti a ainsi coupé l’herbe sous les pieds de Don Mello. Ses sorties les 9 juin et 28 juillet 2024, respectivement à Yopougon et à Port-Bouët, avaient attiré beaucoup de monde. Et l’attente dans les autres fédérations était si forte pour accueillir celui qui, par son discours révolutionnaire et de rupture, devenait la coqueluche du parti, que le couperet est vite tombé.

En mobilisant les militants dans la perspective de 2025 et en occupant le terrain, Don Mello a commencé à susciter des interrogations au sein du parti.

On le soupçonne, à haute voix, de mener sa propre campagne et d’organiser ces rassemblements pour se rendre incontournable.

En effet, le boycott du prochain scrutin présidentiel n’est plus à l’ordre du jour. Et tous les discours officiels présentent, tant à l’aller qu’au retour, Laurent Gbagbo comme le choix irrévocable du parti, qu’il préside.

Mais c’est un secret de polichinelle : face aux obstacles ourdis contre sa candidature, la réflexion sur un éventuel plan B, sur le modèle Sonko-Diomaye au Sénégal, fait son chemin. Dans ce casting potentiel, Don Mello semble coiffer au poteau les autres prétendants. Et se démarquer comme une alternative crédible grâce à son parcours et à ses relations internationales.

Ainsi, des initiatives internes sont en cours, soit pour canaliser, soit pour briser les ailes de Don Mello. En le plaçant sous surveillance.

C’est pourquoi il fera l’objet de toutes les attentions et de tous les sondages à la veille de la Convention du 10 mai 2024. Le 7 mai, Gbagbo le recevra à huis clos. Le lendemain, ce sera au tour de Sébastien Dano Djédjé, président exécutif, et du Dr Assoa Adou, 1er vice-président, de s’entretenir avec lui.

Au final, Ahoua Don Mello a rassuré tout le monde. Dans une déclaration à la télévision du parti, il a invité les militants et sympathisants à se ranger derrière “le camarade-président Laurent Gbagbo”. Pour son investiture à la Convention.

Mais le feu couve toujours sous la braise. Alors que le PPA-CI, après de longs débats à sa création, a revendiqué son ancrage à gauche.

Et s’est clairement engagé en faveur du souverainisme et du panafricanisme, il y a désormais de l’eau dans le gaz.

Les 10 piliers de la Renaissance et les 10 engagements de Gbagbo, s’il était élu en 2025, ont été légèrement modifiés. Ils mettent désormais en veilleuse certains facteurs, tels que les accords monétaires et le FCFA, la présence renforcée des forces militaires étrangères. Et les secteurs stratégiques sur lesquels le PPA-CI semble avoir fait l’impasse.

Entre opportunisme et calculs politiques, le parti semble négocier un virage à 180°. En août, il était représenté à la Convention du Parti démocrate, qui a investi Kamala Harris pour la présidentielle américaine de novembre. Ce rapprochement n’est pas anodin. En arrondissant les angles de son programme de gouvernement, au point que Gbagbo a mis un bémol sur ses attaques contre le FCFA. Lors de son discours du 6 avril 2024 à Agboville, le PPA-CI semble chercher à s’aligner sur les standards occidentaux.

Ainsi, dans la lutte engagée entre l’Occident et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, et Afrique du Sud) pour un monde multipolaire, Laurent Gbagbo et son parti avancent, habilement et discrètement, leurs pions.

Le PPA-CI risque donc de se retrouver à la croisée des chemins. Après le clash des années 1990 entre le secrétaire général du FPI (Laurent Gbagbo) et le président du Comité de contrôle (Don Mello) sur les prérogatives de ce contre-pouvoir créé pour éviter l’autocratie. Une nouvelle crise idéologique pourrait éclater entre ces deux leaders, menaçant l’identité du parti.

En effet, Ahoua Don Mello, “l’empêcheur de tourner en rond”, pourrait encore apparaître comme le grain de sable dans l’engrenage, qu’il faudra alors, comme dans les années 1990, chercher à neutraliser.

Il est le 1er vice-président de l’Alliance internationale des BRICS, en charge des projets stratégiques. Opposé au joug occidental, ce socialiste convaincu milite pour la dédollarisation du monde. Afin de libérer les pays africains du néocolonialisme, des multinationales, et des institutions de Bretton Woods.

“Nos meilleurs alliés, c’est le monde des BRICS”, clame-t-il, convaincu que la croissance et l’autonomie des États africains, comme la Côte d’Ivoire, se trouvent dans l’ouverture à ces puissances émergentes.

F. M. Bally

photo:dr

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