Analyse d’une controverse entre Faé et Guéhi

1 mois

Le duel du Banc : 

Dans le monde du football, la passion des supporters se mêle aux enjeux techniques, tactiques et stratégiques. Chaque décision est scrutée avec une intensité rarement égalée.

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’échange vif entre un journaliste sportif et un coach tout juste sacré champion d’Afrique. Le reproche du journaliste à l’entraîneur, concernant le remplacement jugé tardif pour Amad et Diakité “hors de forme”. Et la réplique tranchante de l’entraîneur, invitant le journaliste à “passer ses diplômes” pour prétendre à sa place, soulève une question délicate. Sur le rôle et les compétences respectives des journalistes et des entraîneurs dans le monde du sport.

Le droit à la critique : un journaliste dans son rôle ?

Dans toute discipline sportive, les journalistes jouent un rôle clé. Celui de questionner, d’analyser et de commenter les performances et les décisions des acteurs du jeu. Cela inclut souvent des critiques, qu’elles soient positives ou négatives, et même parfois des suggestions tactiques. Le journaliste, dans ce cas précis, reproche au coach un choix qu’il considère inadapté.

Notamment un changement tardif d’un joueur qu’il percevait comme étant “hors du coup”. Ce type d’observation est loin d’être isolé dans le journalisme sportif. Les entraîneurs, surtout dans les sports de haute compétition comme le football, sont régulièrement soumis à une critique publique intense. Qu’elle émane des médias ou des supporters.

Toutefois, la complexité des décisions d’un coach dépasse souvent ce qui est visible à l’œil nu. Les choix tactiques, comme celui de maintenir un joueur malgré une performance médiocre apparente, peuvent être motivés par des considérations subtiles que seul l’entraîneur et son staff connaissent. Gestion physique du groupe, équilibre collectif, rôle stratégique assigné au joueur, ou encore capacité de ce dernier à influencer le jeu dans des moments clés. Autant de facteurs invisibles pour ceux qui ne sont pas au cœur de l’équipe.

L’entraîneur en chef : défenseur de son expertise

La réplique cinglante du coach — “allez passer vos diplômes et venez prendre ma place” — reflète une réalité souvent ignorée. L’immense fossé entre la critique extérieure et la responsabilité d’un technicien de haut niveau. Faé, cet entraîneur, tout juste sacré champion d’Afrique, possède un palmarès et une expertise que la plupart de ses détracteurs ne peuvent égaler.

Dans le monde du football professionnel, être entraîneur ne se limite pas à la simple gestion des remplacements. Il s’agit d’un exercice complexe d’ingénierie tactique, de gestion humaine, et d’intelligence émotionnelle. Où chaque décision, aussi anodine semble-t-elle, repose sur une multitude de paramètres.

L’entraîneur peut percevoir l’intervention du journaliste comme une simplification excessive de son travail. Son succès en tant que champion d’Afrique renforce sa légitimité. Pour lui, la critique de quelqu’un n’ayant pas vécu la pression quotidienne du banc.

Ni suivi le long parcours nécessaire pour obtenir les certifications d’entraîneur professionnel, peut sembler infondée. En somme, il se défend en affirmant que la maîtrise tactique requiert une connaissance théorique. Mais aussi une expérience pratique que seule la formation professionnelle et l’exercice du métier peuvent offrir.

Une réponse disproportionnée ou un symbole d’un malentendu profond ?

Si la réponse du coach peut paraître excessive et teintée d’orgueil, elle met en lumière un point plus profond. L’éternel décalage entre les professionnels du sport et leurs observateurs. Les journalistes, malgré leur expertise indéniable dans l’analyse et la couverture des événements sportifs, ne possèdent généralement pas l’expérience directe du coaching à ce niveau. Ce manque de vécu au cœur de l’action peut expliquer certaines incompréhensions ou divergences dans l’analyse des faits.

Néanmoins, ce décalage ne justifie pas forcément la véhémence de la réplique du coach Faé. En effet, si les journalistes n’ont pas les diplômes d’entraîneur, ils ont pour mission de questionner. Et d’apporter une perspective extérieure, indispensable à l’évaluation du sport par le public. Ce rôle critique participe à l’équilibre du monde sportif. Où les voix extérieures, même si elles peuvent parfois sembler simplistes aux yeux des professionnels, sont essentielles à la dynamique de débat et de progrès.

Le poids du succès et la critique constructive

Dans cette situation, la récente consécration du coach en tant que champion d’Afrique ajoute une dimension particulière au débat. Le succès, dans le football comme dans d’autres sports, est souvent perçu comme la validation ultime des choix tactiques.

Néanmoins, il est important de rappeler que même les entraîneurs les plus titrés ne sont pas à l’abri de la critique. La victoire ne doit pas rendre un entraîneur imperméable aux questions ou aux doutes. En revanche, les critiques doivent elles aussi être bien fondées et tenir compte de la complexité du rôle de l’entraîneur.

La réponse appropriée à une critique constructive n’est pas de renvoyer systématiquement aux diplômes ou à l’autorité du succès. Un entraîneur de haut niveau, justement parce qu’il a atteint ce sommet, devrait être capable de répondre aux interrogations de manière sereine et réfléchie.

Cela passe par une explication des choix tactiques qui, de l’extérieur, peuvent sembler discutables. La pédagogie et la transparence renforcent, après tout, l’image d’un technicien sûr de lui. Tout en encourageant un dialogue plus enrichissant autour du sport.

La critique est un outil de progrès et non une source de division. Le coach, tout champion qu’il soit, doit accepter que son succès n’est pas un bouclier contre la critique. Et le journaliste doit mesurer la profondeur et la complexité des choix qu’il questionne.

DESIRE THEA

photo: dr

POUVOIRS MAGAZINE

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