Camus BOMISSO, administrateur indépendant et spécialiste de la gestion des risques et des processus stratégiques offre une opinion. Celle de l’impact mondial des escroqueries financières. Une analyse des pertes et de leurs répartitions régionales
La criminalité financière est une menace mondiale complexe qui s’étend bien au-delà des frontières nationales. Menaçant l’intégrité du système financier global. Des fraudeurs individuels aux organisations criminelles transnationales, ces acteurs utilisent des tactiques sophistiquées. Ils s’adaptent rapidement aux nouvelles technologies et aux mesures de défense mises en place par les institutions financières. Le résultat ? Des pertes financières mondiales estimées à plus de 485 milliards de dollars chaque année. Alimentant un flux de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme d’une valeur dépassant les 3 100 milliards de dollars.
Comme le souligne Daniel Pennac, écrivain français,
“La naissance de la délinquance, c’est l’investissement secret de toutes les facultés de l’intelligence dans la ruse.”
Cette citation reflète bien la manière dont les criminels financiers exploitent la technologie et l’ingéniosité pour leurs gains illicites. Ils sont constamment à l’affût de nouvelles opportunités pour détourner des fonds. Voler des identités, et tromper des entreprises et des individus, sans se soucier des frontières, de la vie privée, ou de l’État de droit.
En 2023, les escroqueries financières ont causé des pertes estimées à près de 500 milliards de dollars à travers le monde, un chiffre proche du produit intérieur brut (PIB) de Singapour. Avec l’évolution rapide des technologies financières, les cybercriminels ont intensifié leurs attaques en utilisant diverses plateformes numériques. Une des méthodes les plus lucratives consiste à voler les informations de compte des clients via les systèmes de paiement en ligne et les plateformes bancaires numériques. Cette fraude aux paiements est devenue la principale arnaque financière, principalement en raison de l’essor du commerce électronique et des transactions en ligne.
financement du terrorisme d’une valeur dépassant les 3 100 milliards de dollars.
Le « Global Financial Crime Report 2024 » du Nasdaq met en lumière la répartition géographique de ces pertes. Les données montrent que certaines régions sont plus vulnérables en raison de facteurs économiques, de la régulation laxiste, ou de l’adoption rapide mais mal sécurisée des nouvelles technologies financières. Les zones avec un fort développement numérique, mais une faible éducation à la cybersécurité, sont particulièrement à risque.
La répartition des pertes financières dues aux escroqueries varie donc en fonction de la région et du contexte économique local. Par exemple, les économies émergentes avec des systèmes financiers moins matures sont souvent des cibles plus faciles pour les escrocs, tandis que les économies développées, malgré des défenses sophistiquées, continuent de subir des pertes importantes en raison de la complexité et de la diversité des attaques.
Pour inverser cette tendance, il ne suffit pas de développer des technologies de sécurité plus avancées.
Comme l’affirme Walter Dill Scott, un pionnier de la psychologie appliquée, “L’avenir du mouvement pour la sécurité ne dépend pas tant de l’invention de dispositifs de sécurité que de l’amélioration des moyens pris pour inculquer l’idéal de prudence et de sécurité.” En d’autres termes, la sensibilisation et l’éducation des utilisateurs à la cybersécurité sont essentielles pour compléter les efforts technologiques.
En conclusion, la criminalité financière est une épidémie mondiale aux conséquences dévastatrices, non seulement pour l’économie mondiale, mais aussi pour les victimes individuelles qui sont souvent parmi les plus vulnérables de la société. Pour lutter efficacement contre ce fléau, il est crucial de combiner des technologies de pointe avec une éducation accrue à la sécurité, ainsi qu’une coopération internationale renforcée. Seule une approche globale et multidimensionnelle permettra de réduire l’impact de ces escroqueries sur notre économie mondiale et notre société.
Camus BOMISSO, FRM
Administrateur Indépendant – spécialiste de la gestion des risques et des processus stratégiques
photo: dr
POUVOIRS MAGAZINE