Edito: les ombres du développement, l’écho silencieux des déplacés

2 mois
Les anciens gardiens de la terre, contraints au départ, n’ont pas fui à temps. Forcés de quitter leurs foyers, dépouillés de leurs remèdes, de leurs maigres économies, et de leurs précieux documents. Ces âmes arrachées à leur ancrage, victimes silencieuses du développement imposé.

Les témoins de cette dérive, jeunes et innocents, peinent à comprendre la dure réalité de la violence d’État. Ce n’est pas un hasard si cette leçon “Violence d’Etat” est apprise tard, dans les dernières années d’école, sous l’œil critique de la philosophie. En classe de Terminale. Les images sont cruelles, surtout pour ceux qui les ont vécues.

Les forces politiques et les représentants de l’ordre, quant à eux, qualifient ces actes de conséquences légales, fruits amers des opérations dites civilisatrices. Ou de développement. Mais sous ce vernis de légitimité, 64 ans après la fondation d’Abidjan, ces malentendus urbains se transforment en un gouffre moral et éthique.

Les autorités, en (ab)usant de leur pouvoir, s’éloignent des principes fondateurs de la vie en communauté. Elles oublient que leur rôle n’est pas d’imposer leur volonté, mais de servir ceux qui les ont portées au sommet. Comment continuer à croire en l’autorité, lorsqu’elle devient source de souffrance pour les siens?

Le fossé entre les lois adoptées et la réalité du terrain s’élargit, menaçant de nous engloutir tous.

ALEX KIPRE

POUVOIRS MAGAZINE

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