Les Lêkê paraissent être des chaussures.

En réalité, elles sont beaucoup plus que ça. Un cordonnier a réussi là où les politiques se sont emmêlés les pinceaux.

La chaussure lêkê promeut un sentiment d’appartenance et de solidarité parmi les Ivoiriens. Indépendamment de leur origine ethnique ou régionale. Elle favorise la cohésion sociale et renforce l’identité nationale, unifiant diverses communautés autour de valeurs communes. Elle contribue ainsi à la diversité culturelle du pays.
Les lêkê instillent un sentiment de fierté et de respect pour le patrimoine et l’histoire de la Côte d’Ivoire. Ce sentiment de fierté nationale peut inspirer les citoyens à participer activement au développement du pays et à défendre ses valeurs.
En valorisant la diversité et l’inclusion, les lêkê permettent à la député Yasmina Ouegnin, au chanteur Asalfo, Emmanuelle Kéita et au Gbaka man d’être pareil. Le temps d’une démarche (dis)gracieuse. De même que le footballeur désireux de devenir Yaya Touré mais qui ne peut pas s’offrir des Nike ou Adidas. Les lêkê contribuent à la promotion de la paix et de la tolérance. Elles encouragent les citoyens ivoiriens et du monde à accepter et à respecter les différences, réduisant ainsi les tensions ethniques et sociales.
Les lêkê stimulent la créativité et l’innovation dans les arts et la culture. Elles ont encouragé l’artiste styliste et créatrice de mode Loza Maléombho à s’inspirer des traditions tout en explorant de nouvelles formes d’expression. Loza a fabriqué des lêkês montantes que portent désormais Béyoncé et de grands stars mondiales.
En somme, les Lêkê sont un outil puissant pour renforcer l’identité nationale, promouvoir l’unité, et célébrer la richesse culturelle de la Côte d’Ivoire. Elle joue un rôle crucial dans la construction d’une nation inclusive et harmonieuse.
Les lêkê incarnent l’esprit de lutte et de résilience, un hommage aux « grouilleurs » de la vie quotidienne ivoirienne. Les apprentis des « gbaka » majoritairement d’origine étrangère en sont amoureux et nouent un lien d’appartenance à un groupe qui aurait pu les disqualifier

En plastique et appelées « méduses » en France, elles incarnent l’âme ivoirienne. Originellement conçues pour affronter la saison des pluies, elles étaient d’abord populaires parmi les plus démunis. En raison de leur faible coût, oscillant entre 300 et 1000 francs CFA. Cependant, leur usage a transcendé les classes sociales, devenant un symbole de fierté nationale. Portées par des figures notoires, les lêkê se sont imposées comme un marqueur social incontournable. Elles illustrent une appartenance culturelle et nationale, témoignant d’un désir d’égalité et de reconnaissance au sein de la société ivoirienne. En portant ces chaussures, même les Ivoiriens aisés affichent une certaine humilité, gommant ainsi les barrières sociales.
Les lêkê sont disponibles dans une variété de modèles : unies, transparentes, à motifs, ou aux couleurs nationales. Leur prix abordable, les rend accessibles à tous. Cependant, des versions de luxe, comme celles proposées par Gucci à 400 euros, montrent l’universalité et l’attrait mondial de ces chaussures.
Ainsi, les lêkê sont bien plus qu’un simple accessoire de mode. Elles symbolisent l’identité, la fierté et la solidarité ivoiriennes, transcendant les différences sociales et culturelles.
ALEX KIPRE
photo: dr
POUVOIRS MAGAZINE