Jérôme Carlos, mort du journalisme

1 an

Je n’ai pas du tout l’envie d’écrire. J’ai mal. Je sais pas si j’ai mal. Je suis triste. Mais pour lui Carlos qui a fini sa course, je dirai ce tout petit paragraphe. Je témoignerai sans envergure, mais je témoignerai quand même.

Après la mort du Magazine « Ivoire Dimanche », l’équipe rédactionnelle s’est divisée en Deux. D’un côté on avait « Notre temps » porté par Diegou Bailly et de l’autre « La nouvelle Presse » qu’animaient Justin Vieyra le Directeur de Publication,  Lucien Houedanou, le secrétaire de rédaction et Jérôme Carlos le rédacteur en chef. 

J’ai intégré cette rédaction où j’ai collaboré avec ces hommes-plume. Jérôme Carlos m’appréciait beaucoup., Il avait le compliment facile à mon goût et aimait à dire du bien, à taquiner ses collaborateurs., Il avait le rire facile et la plaisanterie toujours à portée de lèvres.

Mais quand il fallait écrire, il devenait sérieux. Il grandissait, prenait de la hauteur pour non pas bien écrire mais pour écrire bien. Il écrivait bien. Et c’était « une plume » un écrivain et un journaliste aux compétences en écriture et à la capacité à manier la langue de manière élégante et expressive. Il a excellé dans l’art de l’écriture, et était talentueux dans la rédaction de textes nourris par la qualité de son style littéraire, sa créativité, et son habileté à communiquer efficacement à travers l’écriture.

On lui doit plusieurs livres dont  « Les enfants de Mandela » pour lequel il refusa le prix d’Ivoire Dimanche pour la simple raison qu’il appartenait à cet organe et se voulait à l’abri du délit d’initiés.

Comme Sartre refusa le Nobel, il avait voulu refuser le prix Ivoire Dimanche. « ça n’a rien à voir. Je ne peux pas accepter ce prix ce n’est pas sain Alex. Tu trouves sérieux que la maison dans laquelle j’ai travaillé distingue un de ses propres auteurs » m’avait-il dit, quand j’avais risqué la comparaison.

J’avais apprécié, la probité intellectuelle.

Un jour qu’on avait fini d’interviewer Martial Ahipeaud, le secrétaire général de la Fesci de l’époque, j’éprouvai le besoin d’en extraire un portrait, une présentation à grands traits. Le lendemain Jérôme me félicita excessivement. J’en étais gêné. Il me prédisait un destin d’auteur.

Une autre fois pour un reportage sur les fous, il m’avait couvert d’éloges, là encore je fus gêné. Jérôme aimait à encourager ses collaborateurs et il savait le faire au point de les indisposer. Il disait que j’avais les prédispositions pour écrire des livres.

De temps en temps, il recevait des coups de fils du Sénégal où vivaient sa famille, ses enfants et leur mère.

Il sortait toujours jovial de ses conversations.  J’appris qu’il était Docteur en Histoire. Et il vivait là au milieu de nous à accepter nos remarques, à les prendre en compte, sans jamais mettre en avant ses diplômes. Pour moins que ça, d’autres aujourd’hui (ou même hier) son incapable d’avoir un échange sans vous rappeler leurs diplômes à la télé ou à la radio. Dépourvus d’épaisseur ils n’ont que le parchemin à vendre ou jeter au visage pour brouiller l’image authentique qu’on pourrait avoir d’eux.

Jérôme était modeste. Et savait indisposer, attaquer, avec élégance et finesse. C’était un rédacteur subtil, cultivé, soigné, esthète.

Il m’envoya trois fois en reportage en prenant soin de me mettre en garde contre les talents de prédateur de mes interlocutrices. Il me prévint avec tellement de subtilité pour me protéger tout en se gardant de dénigrer ses braves dames que je ne compris ses messages qu’à la fin des interviews respectives.

Puis, nous nous sommes perdus de de vue, après la fermeture de l’hebdo.

Je le rencontrai de façon inattendue chez la famille Ouegnin où j’étais allé rendre visite à « Mucho », le frère de Francis et Roger. J’appris là-bas qu’il était parenté à la mère des Ouegnin, une béninoise.

En mission au Bénin pour le compte de l’Académie Mimosifcom où j’avais posé mes valises, j’encadrais avec un autre Carlos, Gustavo celui là, Brésilien les jeunes pousses qu’étaient Marco Né, Yaya Touré, Salomon Kalou, Amuah Diaki, Kaiper, Mahan Mondakan, Guela Franck, Tokpa Alexandre et bien d’autres.

C’était à la faveur du tournoi Hubert Manga que nous avons d’ailleurs remporté contre « Les requins » de Monguéhi Guéhi.

Nous avons fait un tour pour rendre visite à Jérôme Carlos propriétaire de la Radio Cap FM. Les retrouvailles étaient plus que chaleureuses. Je présentai les deux Carlos, quelques joueurs de foot et nous fîmes une émission Radio. ça faisait du contenu pour Carlos et de la visibilité pour l’Asec et l’Académie.

Jérôme Carlos avait été un peu navré que je n’écrive plus. Que je me sois négocié une reconversion dans le foot. Une longue discussion s’en était suivi. Il me prédisait un avenir dans l’écriture. C’était la dernière fois que je voyais Jérôme Carlos. Que je voyais l’un de ceux qui ont incarné avec Justin Vieyra, le journalisme.

Une décennie plus tard, je sortais  un livre. Mon premier. Et depuis l’écriture ne m’a pas lâché. Comme il l’avait prédit Carlos repose en paix. Que la terre lui soit légère à cet homme bon.

Jérôme Carlos était un journaliste et historien de formation. Il avait occupé les fonctions de directeur des Musées, Bibliothèques et Archives nationales de Cotonou (Bénin). Il avait également été expert consultant auprès de l’Institut culturel africain de Dakar. Journaliste, il avait produit la plupart de ses articles pour des journaux de Côte d’Ivoire. Il avait été rédacteur en chef d’Ivoire Dimanche de 1982 à 1990, puis de La Nouvelle Presse (1990-1993) et de La Lettre d’Afrique (1994)1.

Jérôme Carlos était le directeur général du Centre africain de la pensée positive (CAPP), et directeur gérant de la radio privée commerciale CAPP FM1. Jérôme Carlos avait également collaboré à plusieurs ouvrages collectifs. Enfin, il avait signé le texte de la Dictée d’Afrique 2006

ALEX KIPRE

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