C’est le samedi 18 novembre 2023 qu’hommage sera rendu au cinéaste et photographe anticonformiste et décalé sénégalais sous la forme d’un panel, de projections suivis de débats. L’endroit choisi est un lopin de terre long de 500 mètres et large de 200 mètres: l’île de Ngor située à 3 minutes de Dakar.
On n’attendra donc pas le 27 décembre prochain pour indiquer que voilà 6 ans qu’elle est partie cette grande figure des arts.
Bouna Seye est décédé un mercredi 27 décembre en 2017 d’un cancer contre lequel, il aura vraiment lutté. Il est né à Dakar en 1956, est parti poursuivre ses études à Marseille, en France.
Bien instruit, un peu comme Fela instruit de musique en Angleterre, il décide une fois sur le continent africain, de proposer une écriture autre de la photographie artistique africaine qui soit capable de s’assumer en abordant des thèmes qui lui parlent d’abord à ce continent.
Son œuvre est donc engageante, rageante qui oscille entre un regard de réalisateur écorché vif et de photographe qui dès les premières expositions, avant l’ère du multipartisme, sont racées.
Au même moment, un autre africain, l’Ivoirien Dorris Haron Kasco et lui même jettent un regard sur des hommes que l’on dépasse habituellement avec indifférence. Les deux artistes s’arrêtent et posent leur appareil à même l’âme des fous. Pendant cinq bonnes années.
Tous les deux, l’un à Abidjan et d’autres villes ivoiriennes telles que Daloa et l’autre, Bouna à Dakar ont exposé sur une part d’eux-mêmes.
Après cette étape, Bouna n’a pas cessé de surprendre et d’indisposer les autres en les arrachant à leur confort, à les ramenant à la copie de leurs colosses certitudes aux pieds d’argile. En les effrayant par un renvoi violent à leur face de leurs propres images d’apôtres de la société de consommation. L’homme était devenu « la bouche de ceux qui n’ont pas de bouche ». Après être passé aux rencontres de Bamako, avoir réussi une expo sur les Indiens du Canada (1993), réalisé un court métrage « Bandit Cinéma » (1994), il sera de tous les rendez-vous en Afrique du sud (1999), en France à Bordeaux (2000), au Mali (2001), en Allemagne(2002),
A ces deux arts, la photographie et le cinéma, Bouna avait ajouté, le dessin d’art avec des toiles instantanées habitées et portées par une étrange maturation.
POUVOIRS MAGAZINE