ÉBIMPÉ: 2 milliards pour la pelouse

2 ans

Le scandale d’Ebimpé vient une fois de plus mettre en lumière, cette forme d’impunité qui infecte nos institutions en Afrique où un match amical entre la Côte d’Ivoire et le Mali a été interrompu pour cause de pelouse inondée par la pluie.

En 2014, le Maroc abritait la coupe du monde des clubs FIFA. La pelouse du stade de Rabat n’avait pas survécu à la tornade qui s’était abattue sur le stade ce jour là. Contraignant les officiels à l’annulation du match, puis à la délocalisation du tournoi à Marrakech.
Le Roi Mohamed VI avait limogé dès le lendemain le ministre des sports Mohamed Ouzzine, et d’autres responsables d’opérations avaient également été démis de leurs fonctions. Car il était inconcevable pour le royaume, qui envisage depuis plus une décennie d’organiser une coupe du monde de football de tolérer une telle humiliation.
Qui plus est quand 13 millions de dirhams (1 million d’euros ) avaient été alloué pour la rénovation du dit stade. Le souverain exigea par la suite la réhabilitation de l’édifice au frais du prestataire.
Le scandale d’Ebimpé vient une fois de plus mettre en lumière, cette forme d’impunité qui infecte nos institutions en Afrique. Et comme on pouvait s’y attendre, personne n’est responsable de rien.
Entre l’ONS (l’office nationale du sport) en charge de la supervision et de la maintenance des opérations, qui n’a rien trouvé de mieux que de pondre un obscur communiqué à 3H matin, et un ministre des sports adepte d’effets d’annonces creux, personne n’ose assumer cet échec. Pas besoin d’avoir un bachelor en paysage pour déceler les failles de cette pelouse. Ça n’est pas de l’hybride. Une fois de plus, le contribuable a été floué.
Cela dit, il ne faut pas se leurrer, aucune tête ne tombera. On se serre les coudes, on reste solidaire, personne ne sera inquiété. Quant à nous, nous conterons d’observer, en attendant les prochains milliards que l’état devra encore débourser pour un stade qui aura coûté jusqu’à maintenant au moins 168 milliards de francs Cfa.
2 Milliards engloutis pour la seule pelouse, celle qu’on annonçait de dernière génération et aux normes internationales, pour un résultat médiocre qui relève d’une incompétence structurelle certaine. Mais le ministre des sports rebelotte, avec des gages qui dorénavant sonnent faux.
Il aurait sans doute fallu convoquer l’entreprise prestataire Sparfel pour qu’elle s’explique sur ce fiasco. Eux aussi ce sont muer dans un silence coupable. Par ailleurs, notre  demande d’interview est resté sans réponse. Un mutisme qui en dit long sur le respect que ces sous-traitants occidentaux accorde à leurs clients africains. Oui en Afrique c’est normal, on ne rend jamais compte.
Ailleurs, la démission est une question de responsabilité, d’honneur et de bon sens. Non pas parce que le directeur ou le ministre auraient une expertise en gazon synthétique, mais pour la simple raison que la mise en œuvre ainsi que le suivi du processus opérationnel est placé sous leurs égides. Prompt à recevoir les éloges, apte également à assumer les conséquences. Simplement de la logique et de la raison.
Sous nos tropiques, on nous dit avec l’arrogance et la condescendance habituelle qu’il fallait circuler qu’il n’y avait rien à voir. Allez-y pleurer dans les chaumières et sur les réseaux, vous la plèbe.
Morale de l’histoire : Quand un peuple marchande sa dignité, sous-traite son bien être, se vautre dans des clivages ethniques, dans des conflits d’obédiences futiles, puériles, stériles et débiles, au lieu d’identifier ses vrais enjeux existentiels, d’exiger de ces dirigeants plus de respect, il est traité ainsi. Comme de grands enfants à qui on nie le droit de penser et de réfléchir.
Cette CAN sera longue. Accrochons-nous!
LOIC DAMAS
POUVOIRS MAGAZINE

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