Dr Traoré Bakari: « C’est l’Afrique qui a intégré en premier, de façon élaborée l’éthique dans la gouvernance d’entreprise

2 ans

 Pionnier des activités qui relèvent de la RSE, de l’Ethique et de la Gouvernance d’entreprise en Côte d’Ivoire, consultant international, ce membre fondateur de l’Inadci est soucieux de la transmission et écrit des ouvrages notamment  » Gouvernance d’entreprise en Afrique- guide de l’administrateur et du directeur général’ dont c’est la 3e réédition et aussi l’argument de notre interview

 Qu’est ce qui a présidé à la rédaction d’un tel livre sur la gouvernance d’entreprise en Afrique ?

Les raisons sont nombreuses. Vous devez savoir que ce sont les entreprises qui créent  la richesse et qui contribuent à la croissance économique qui profite au final au citoyen d’un pays. Or, malheureusement, de nombreuses entreprises africaines, de tout temps, ont connu de graves problèmes de déficit de gouvernance.

A quoi cela est du?

Cette situation est sans doute liée à la méconnaissance des bonnes pratiques qui permettent de garantir la durabilité des entreprises (beaucoup d’entreprises ont fait faillite).

J’ai donc décidé de contribuer à diffuser les bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise étant entendu qu’en Côte d’Ivoire, j’ai initié en 2008 le Code de gouvernement d’entreprise qui a été adopté par toutes les parties prenantes en 2010.

Je disais tantôt que le gouvernement d’entreprise était important pour la création de richesse et cela justifie que le Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs ait intégré ce sujet à la liste des quatre domaines d’évaluation des pays adhérents au mécanisme.

De plus, les investisseurs étrangers, sont très regardant sur la qualité de la gouvernance des entreprises. L’Etat de Côte d’Ivoire, depuis quelques années, incite les entreprises par divers moyens à renforcer la qualité de leur gouvernance.

Et quel alors le rôle de votre livre?

Mon livre devrait permettre aux différents acteurs, à savoir les membres de l’organe de gouvernance (conseil d’administration)  et du management (direction générale) et les animateurs de la chaine de gouvernance d’entreprise en générale, d’avoir une meilleure connaissance des bonnes pratiques et savoir les mettre en œuvre.

Il était important de partager l’expérience des différentes Régions de l’Afrique dans la mesure où le développement de l’Afrique est un tout.

Quelle est la plus-value de cette énième édition corrigée et qu’est ce qui a été enlevé ou rajouté?

En réalité, lorsque vous rédigez une nouvelle édition d’un livre, l’objectif est de mettre à jour les informations qu’il contient déjà, mais surtout d’y intégrer de nouvelles problématiques qui sont devenues entre temps incontournables.

C’est ainsi que j’ai profité de l’occasion pour faire référence à certaines normes ISO qui sont dans le champs de la gouvernance, à l’éthique, à la lutte contre la corruption, à l’évaluation des conseils d’administration , à l’audit de gouvernance des entreprises, au nouveau rôle des conseils d’administration en matière de changement climatique, de valorisation de capital humain, de responsabilité sociétale, etc.

Quels sont les points de particularisme africain qui le distingue des autres gouvernances ?

Je peux affirmer que l’Afrique a été le premier continent à intégrer de façon élaborée la question de l’éthique dans le système de gouvernance d’entreprise.

Ah bon?

Oui! Et cela se voit notamment avec l’expérience sud-africaine, l’expérience ivoirienne (se référer  au Code ivoirien de gouvernance d’entreprise)

Les standards de l’OCDE révisés en 2015 ont pris en compte le sujet de l’éthique  de façon plus nette et la norme internationale sur la bonne gouvernance recommande à l’organe de gouvernance  la mise en place d’un système éthique

En quoi votre livre s’inscrit dans la démarche du Président Alassane OUATTARA qui par exemple a jugé bon de créer un ministère chargé de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption ?

En réalité, parler du rôle Président  Alassane OUATTARA  dans le renforcement du niveau de maturité de la gouvernance tant au niveau public que privé pourrait nous prendre un certain temps, compte tenu des nombreuses actions  qui ont déjà été menées, qui sont en cours ou qui sont programmées. Je voudrais juste vous donner quelques exemples.

Allez-y!

D’abord, il a recommandé en  2014 au secteur privé de faire la promotion de la gouvernance d’entreprise  et de la responsabilité sociétale. Au niveau des entreprises publiques, le Ministère du Budget a mis en place de nombreuses mesures destinées à renforcer la gouvernance de celles-ci. On peut même citer les nouveaux textes qui ont été pris dans ce domaine.

Ensuite, la nouvelle constitution est élément de renforcement de la qualité de la gouvernance avec les institutions qui sont chargées du contrôle des activités de l’exécutif et qui fonctionnent effectivement.

Enfin, l’introduction de l’audit interne dans la gestion des services publics, l’application du principe de transparence dans la gestion des recettes du secteur minier et du secteur pétrolier, la prise en compte de la responsabilité sociétale des organisations qui figurent  dans un certain nombre de textes et qui est devenue une préoccupation réelle pour les entreprises.  Les services publics et les ONG.

La création du Ministère traduit le fait que la bonne gouvernance constitue pour le Chef de l’Etat un sujet majeur. Il a renforcé le cadre institutionnel puisqu’il existait déjà la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance.

Je voudrais terminer ce point en soulignant que la bonne gouvernance a deux niveaux en définitive. Vous avez un niveau qui est macro qui nécessite que l’Etat installe l’infrastructure nationale et la cadre juridique appropriés. Il y a un niveau micro ou chaque organisme  public ou privé doit bâtir en son sein une infrastructure de gouvernance qui devrait lui permettre de renforcer la qualité de sa propre gouvernance.

Ces deux niveaux sont indispensables pour avoir une bonne gouvernance générale.

Interview par POUVOIRS MAGAZINE

 

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