La présidente des écrivains du Gabon, lauréate du prix David Diop de Poésie en 2020, Pulcherie Abeme vient de sortir son tout dernier recueil de poèmes.
Un cadeau à sa mère et a toutes les autres. Il compte 65 pages, est intitulé « Le cœur d’une mère », sort des fabriques éditions Symphonia et porte à 4 le nombre de ses productions poétiques mais à 11, l’ensemble de ses ouvrages fait outre de la poésie, de nouvelles, de romans et de livres de jeunesse aussi. Le recueil est divisé en 3 parties, « Le testament » très intimiste avec la sensibilité familiale, « Le brouillard » qui traite d’abstraction et ‘l’unité’ qui est axée sur son pays qu’elle rêve prospère. Dans « La panne », elle revient sur ce qui est déjà une fois au moins arrivé à chaque écrivain, le syndrome de la page blanche:
« Je manque d’idées
Je manque de mots fondés
L’encre de ma plume a séché/
Me laissant errer au gré du vent
Le besoin d’écrire en moi est présent
Fièrement installé dans mon esprit absent
Dans ce corps qui a besoin
De vivre comme pas si loin
Ses jours sans question
Ses jours sans passion
Elle traite dans son recueil »
Elle parvient aussi dans « Construisez nous le pays » à s’en prendre aux politiques qui font des élections un moment d’étalage de leurs erreurs et lacune pour certains:
« Voilà
Les élections approchent
Les générosités atteindront leur point culminant
Les politiques partageront tout entre leurs amants
Les pagnes
Les tee-shirts
Des cartons de poulet
L’argent coulera
Comme ses averses sans pluie
Dix mille tee-shirts par causerie
Cent cartons de dindon par rencontre
Quinze millions de francs par meeting
Comme c’est râlant
Quel déchirement
Le pays manque d’écoles
Le pays manque de routes
Le pays manque d’hôpitaux
Et de toutes ces choses promises avant
Qui ne trouveront pas de budget après »
Mais comme il fallait s’y attendre, le titre éponyme est d’une beauté. » Le Cœur d’une mère »
« Au désert de ma vie,
Tu es cet arbre
Sous lequel je m’abrite avec tant d’assurance.
Tu es l’oasis orné de marbre
Qui à jamais étanche ma soif de vie.
Si mon cœur d’artichaut
Bat à la folie,
Quand les anges de là-haut
Murmurent ton nom encore embelli,
Le sable sous mes pieds dénudés
filtre mes larmes désormais oubliées.
Je suis comblée d’amour,
Je suis prospère d’humour,
Quand tes yeux pétillent de joie
O, toi preuve de ma foi !
Sous ta vue je suis tout ouïe,
Telle une rose, je m’épanouis.
Tellement heureuse,
Et jamais plus malheureuse.
À l’espoir qui m’a gardée souriante
Quand la lumière s’en allait tellement fuyante
Lorsque la voix de mon âme me susurrait :
Espoir, espoir, espoir !
Très doucement qui me disait :
Femme, regarde ce soir
Je t’en fais la promesse
Bien avant ta vieillesse
Ton sourire asséchera toute cette pluie.
Tu seras mère, je t’assure, ne pleure plus ! »
Pouvoirs Magazine