Dans une vidéo devenue très virale depuis jeudi, la coqueluche du rap gospel ivoirien affirme avoir été séquestré puis rudoyé par la police sénégalaise, provoquant une vague d’indignation auprès de ses fans. Énième accroc pour l’artiste récemment primé aux PRIMUD et désormais abonné à la rubrique des faits divers
Comme il est de coutume en Eburnie lorsqu’une affaire s’invite sur la toile, le couperet des inquisiteurs du net tombe sans ménagement, rendant ainsi un verdict favorable au premier plaignant, le plus bruyant très souvent, sans aucune forme de recoupage ni de confrontation de sources. Á cette vindicte populaire se joindront des pseudos analystes, influenceurs (le job du moment), et mêmes des journalistes viendront se vautrer dans ce ballet douteux empreint d’émotions. Le mot est lâché : l’émotion. Cet état affectif caractérisé par des troubles divers subtilement maniable au gré des circonstances, est l’une des denrées la plus partagée sur les réseaux sociaux.
On se souvient encore il y a peu de l’histoire de cette veuve éplorée chassée avec ses gamins du domicile conjugal par ses beaux-parents. Un classique sous nos tropiques. L’épouse du défunt avait posté une vidéo émouvante qui a créé l’émoi. Cela avait suffi pour pourfendre avec véhémence la belle-famille incriminée, les traitant à la limite de suppôts du diable. C’est là qu’un démenti cinglant du père du défunt allait refroidir les ardeurs de ces procureurs de clavier. Le père y décrivait le calvaire de son fils fait cocu par sa femme et devenu la risée du quartier ainsi que de ses collègues. En plus des preuves d’infidélité, le mari fera constater l’abandon par sa ténébreuse épouse du domicile conjugal aux autorités compétentes. Il signera dans la foulée les papiers du divorce avant de sombrer dans une dépression terrible qui l’emporta finalement. L’immaculée veuve d’hier venait d’être rattrapée par ses manigances et ses mensonges. Elle se terra dans un silence honteux et ses émotifs soutiens de la première heure aussi. Un sage disait « on ne prend pas la moitié d’une noix de cola pour juger une affaire… ».
Concernant l’incident de l’aéroport Blaise Diagne de Dakar, il serait hasardeux de porter des jugements expéditifs dans ce genre d’affaire. La susceptibilité nationaliste peut être un terreau dangereux. Arrivé pour un concert au Sénégal, KS BLOOM se présente donc tout seul devant l’officier pour les formalités. Première erreur. Il est d’usage pour les personnalités de toujours se faire accompagner d’un assistant ou d’un aide de camp pour ce genre de procédures. Des témoins présents sur les lieux attestent que le rappeur une fois au box de contrôle s’est vu demandé de se mettre à l’écart, n’ayant pas établi clairement son lieu d’hébergement en terre dakaroise. Face à quoi il aurait refusé d’obtempérer. Vu son insistance, l’agent dans un moment de zèle l’aurait effectivement poussé. Son staff une fois sur les lieux a exigé bruyamment une explication, et l’artiste de se mettre à hausser le ton en menaçant les policiers de porter plainte, pour une poussette comme dirait l’autre. S’en est suivi de vigoureux échanges entre la Team du chantre et les officiers sénégalais. La suite serait une succession d’abus de pouvoirs et d’exactions de la police sénégalaise hors de tous cadre juridique selon l’artiste. Nous avons joint l’aéroport pour recueillir leurs commentaires suite à ces accusations. Nous y reviendrons.
UN MANAGEMENT DISCUTABLE
Cette mésaventure vient compléter la liste des périples compliqués de KS BLOOM, après le Cameroun. Pour information, ledit concert prévu le dimanche 13 novembre dernier au grand théâtre de Dakar a été annulé. Le promoteur du spectacle a disparu en laissant des frais d’hôtels impayés. Sommés de libérer les chambres, la Team se retrouve quasiment à la rue, quand d’autres sont purement bloqués à l’hôtel. Une fois à l’aéroport le jour du départ pour la Cote d’Ivoire, ils constatent que les billets retours ont été annulés. La prod du rappeur paiera finalement les vols pour Abidjan. On dira que ce sont les risques du métier, qu’on n’est jamais à l’abri de promoteurs véreux, mais quand cela devient récurent, c’est symptomatique d’une approche managériale chaotique et problématique. Les tournées du chantre sont plus des temps de vacances que des missions organisées contrairement à ce qui se dit. Aucune mesure d’anticipation ni de rigueur dans l’exécution des contrats. Pour preuve, au Cameroun le management du chanteur a accepté les billets d’avions la vieille du concert. Assez curieux quand on sait qu’en Afrique les fans ont besoin de voir l’artiste dans une vaste campagne de communication, faite de bains de foule et de passage radios-télés. Une promotion défaillante. Résultat, le public a boudé le spectacle, le promoteur refuse donc de verser le solde et s’en ai suivi l’engrenage diplomatique que tout le monde sait. De réels disfonctionnements qui relève d’une certaine incompétence, et qui écorche l’image de KS BLOOM. Lui qui agace déjà plus d’un avec ses postures de moralisateur et son zèle de nouveau converti, entre fausse modestie et caprice de stars. Se fourvoyant sur des thématiques spirituels et théologiques dont il n’a pas toujours la capacité. Proclamer sa foi est une chose, la prêcher en est une autre visiblement.
Cette incompétence managériale est le corollaire de l’entourage de beaucoup d’artistes. La profession de manager souffre d’un délit compétence chez nous. Il est galvaudé et volontiers réducteur. C’est le rôle dévolu au plus bavard de la bande, celui qui parle bien et plus fort dit-on. Le premier quidam avec un peu d’audace, d’exubérance, sachant grasseyer* le plus souvent en délicatesse avec le chômage se devine manager d’artiste. Occultant l’exigence intellectuelle et organisationnelle que cela commande. C’est un métier difficile, qui demande du flair, de la finesse d’esprit, de beaucoup de culture et une parfaite connaissance de l’écosystème musical. Ingrat pour être reléguer dans l’ombre lors des victoires, mais indexé dans l’échec. Apprendre les ficelles en immersion est impératif certes, aussi avoir une approche scientifique et structurelle est un réel atout. Des notions en management, en droit, en logistique ainsi qu’en marketing sont requises au minimum. La conjugaison de ces compétences donne de la consistance, impose le respect et évite par ailleurs de se faire séquestrer ou emprisonner à la moindre broutille. Il y va de votre corporation et de la carrière de vos poulains.
DAMAS
*Grasseyer : Parler de façon gutturale, avec un accent particulier sur les R.
Langage ivoirien Chôcô