Amédée Pierre: 11 ans sans le créateur du Burida

2 ans

30 octobre 2011-30 octobre 2022

 Amédée Pierre était chanteur. C’est lui qui a frayé la piste de la musique moderne ivoirienne. Frustré par le fait que les droits d’auteurs ne soient pas reversés après exploitation de ses œuvres en Côte d’Ivoire, il avait menacé d’abandonner la chanson. Pour protéger les artistes, il a décidé de créer, soutenu par ses amis Laurent Gbagbo et Bernard Zadi, le Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA). Il était choqué que malgré l’adoption de ses chansons Moussio Moussio, SokoKpeu, Lorougnon Rabé, le chanteur et l’artiste par extension ne gagnent rien. L’homme meurt un 30 octobre 2011.

« Monsieur Nahounou Digbeu alias Amédée Pierre, au nom du Président de la République de Côte d’Ivoire, nous vous élevons au rang de Grand officier de l’Ordre du mérite ivoirien, à titre posthume et nous confions à votre famille, la garde des insignes de cette distinction ». C’est en ces termes que la grande chancelière, Mme Henriette Diabaté, s’était adressée à l’artiste.

Elle n’était pas à son premier acte du genre. 10 ans plus tôt, en effet, alors en charge du ministère de la Culture, elle avait décoré Amédée Pierre ; lequel aura reçu une autre distinction en 2001. Cette troisième distinction avait eu lieu en présence de la ministre Jeanne Peuhmond, représentant le Chef de l’Etat.

Avaient été également présents à cet hommage Zadi Zaourou qui avait été son impresario (on aurait dit ‘‘manager’’ aujourd’hui), Bernard Dadié, Séry Gnoléba, Amichia François, et une pléthore d’artistes : Julien goualo, Bailly Spinto, Wedji ped, Timité Bassori, Michel Bohiri… Un vernissage avait permis d’opérer une relecture de la vie de l’artiste à travers des images, textes et photos prolixes divisés en 5 moments : la jeunesse, du début à la gloire, sa famille, ses amis, son œuvre et la littérature sur lui.

Musiciano était son surnom depuis les années scolaires au Collège du Plateau avec Georges Benson, Bienvenu Neba. Dans les années 1950 à Dimbokro il avait été infirmier aux grandes endémies. C’est Gbétibouo Norbert qui lui avait acheté sa première guitare 

Amédée a consacré sa vie à la parole poétique qui était de feu quand elle se meut dans la plaie, dans les tares sociales, les balbutiements politiques pour alerter les hommes en charge du destin du peuple.

Elle savait être aussi d’eau pour attendrir, consoler, dorloter. Artiste de rupture, il aura ouvert la voie à la musique ivoirienne moderne et contribué à la formation d’Ernesto. Amédée Pierre a fait mentir le dicton selon lequel nul n’est prophète dans son pays.

Les obsèques du ‘‘Rossignol’’ (son surnom) dont le caveau avait été estimé à 20 millions de francs Cfa ont bien prouvé le contraire.

ALEX KIPRE, Pouvoirs Magazine

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