Agrégé d’histoire, spécialiste de Kwamé N’Krumah et rédacteur de l’émission politique «Mémoire d’un continent » animé par Alain Foka, l’intellectuel a bien voulu répondre à notre question.
L’Afrique ne souffrirait-elle pas du silence de ses intellectuels et de l’incapacité de son personnel politique ?»
C’est sûr qu’il y a un lien organique entre le politique et les intellectuels. Mais il est certain que nos politiques depuis les années 90, avec le tournant de la démocratie, ont une vision de la politique qui n’est pas très encourageante. Du coup, les intellectuels sont eux-aussi partie prenante du pouvoir. Parce que le pouvoir intellectuel est le pendant du pouvoir politique et du pouvoir financier.
Donc les moyens politiques, positifs (les finances, la liberté, les possibilités de publication) sont du côté du pouvoir politique, de même que les moyens de nuisance. Dans ce contexte-là, l’intellectuel (les universitaires, les écrivains, la presse) se demande s’il peut aller au bout de ses réflexions et quelque fois, se tient un peu à l’écart pour éviter les problèmes.
À Kinshasa, lors d’une rencontre avec la presse, nous avons demandé aux journalistes, pourquoi ils reproduisent toujours les dépêches de Reuter, de l’Afp etc. Et nous leur avons demandé de proposer leur propre analyse en s’appuyant sur les rapports de ces derniers. Et s’ils n’en ont pas, nous leur avons suggéré d’aller solliciter les avis des spécialistes (anthropologue, ethnologue, politologue), et de proposer les actions à mener à terme pour éviter que cela arrive.
Sinon les journalistes africains vont répéter les réflexions des autres. Et ils poursuivent pour dire que l’Afrique n’existe pas en tant que civilisation.
Et nous Africains, nous répétons ce genre de choses-là. Alors, comme beaucoup n’osent pas, je pense que la presse doit aller solliciter les politologues, les ethnologues etc. pour en savoir plus.
Pouvoirs-Magazine