Soro et Ouattara ont eu des relations tendues dans le passé en raison de conflits d’intérêts. Cependant, en politique, les réconciliations sont toujours possibles à quelques conditions…
La réconciliation pourrait dépendre de plusieurs facteurs, notamment des intérêts politiques actuels, de l’état des relations entre leurs partis respectifs et des circonstances du moment.
Or c’est justement le moment choisi pour la réconciliation qui nourrit le scepticisme de cette tentative.
A un an de la Présidentielle, les deux hommes se parlent au téléphone à l’initiative ni de l’un, ni de l’autre mais d’un chef d’Etat ami commun qui aurait convaincu Soro de le faire pour remercier Ouattara d’avoir gracié les proches de l’ex rebelle. Tous les deux ont donc en tête, le trône qui est un fauteuil et non un banc. Le pouvoir n’est pas un joint, mais plutôt une drogue dure qui ne se partage
Des efforts pour promouvoir la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire et réussir une réconciliation entre Soro et Ouattara seraient bénéfiques pour le pays. Cela nécessiterait de la volonté de la part des deux dirigeants d’engager un dialogue constructif et de mettre de côté leurs différends passés pour travailler ensemble à l’avenir.
Mais le peuvent-ils vraiment ?
Non. Les deux hommes sont allés trop loin dans les haines respectives. Celle de Soro est expressive et se parasitent de jugement tels que l’ingratitude, la méchanceté, la couardise de celui à qui il aurait sur un plateau offert le pouvoir.
A l’opposé Ouattara observe un silence méprisant, condescendant et n’hésite pas à douter de l’appartenance de Soro aux citoyens Sénoufo reconnus pour leur loyauté et le respect de l’aîné par l’exemple de la famille Gon.
Conclusion ? Cette tentative via le coup de fil est une mise en scène parfaite taillée sur mesure pour des comédiens capables de camper des rôles de composition.
Ouattara se souviendra qu’il a échappé à une tentative de coup d’Etat grâce à l’idée qu’il a eu de faire faire demi-tour à un avion en instance d’atterrir. L’auteur Soro qui se vantait de compter parmi ses amis de longue date Alexandre Benalla, monsieur sécurité de Macron prêt à l’aider à arriver au pouvoir.
Ouattara qui a su faire patienter Amadou Gon, Ahmed Bakayoko, Amon Tanoh, Patrick Achi tous plus âgés que Soro, après avoir lui-même passé 20 ans dans l’opposition ne comprend pas, pire n’accepte pas la volonté de Soro de brûler les étapes en revendiquant avec célérité une place de dauphin.
La tentative de rapprochement est cousue de fil blanc, c’est une plus belle mise en scène entre deux candidats politique qui ont juste besoin l’un de l’autre. Et à la réalité la réconciliation entre Soro et Gbagbo ou Ouattara et Gbagbo est beaucoup plus facile que celle de Soro et Ouattara.
Pire, le fait qu’aucune voix dissidente (Nyamsi, Affouchiata, Soul to soul, Moussa Traoré..) du camp Soro ne se soit exprimée est suspect et confirme qu’on est en pleine simulation pour faire croire qu’on veut proclamer- pour exister- l’unité du nord. Nord, socle géopolitique de Ouattara.
Dans ce nord en effet existe le peuple sénoufo, 3e groupe le plus important de Côte d’Ivoire.
JULIEN BOUABRE
POUVOIRS MAGAZINE
