Dans Bannaye, ou Jarabi (Chéri) ou Mamamuso on ne comprend pas ce qu’elle dit. Elle ne chante ni en Français, ni Anglais, la langue de sa mère qu’elle utilise pour juste expliquer ses chansons.
On ne comprend pas ce qu’elle dit mais on reçoit ce qu’elle donne. Tout ce qu’elle compose, qu’elle chante, elle le fait pour son pays. Pour la Gambie, ses pouces et index courent avec agilité des deux côtés du chevalet. Donnent l’amour et invitent à voir la Gambie. Autrement.
Sona Jobarteh est la seule professionnelle de la Kora. Elle s’y est mise à 3 ans avec son père Sanjally, lui-même fils du maître-griot Amadu Jobarteh. Après avoir appris la musique au Royal Collège of Music, puis maîtrisé violoncelle, piano, clavecin, guitare. Celle qui est aussi la tante de Sidiki Diabaté et la cousine de Toumani, fait le choix de la Kora.
Présenter la Gambie autrement
Aujourd’hui elle s’inscrit dans la transmission au conservatoire qui porte le nom de son grand père Amadu. « Au Royaume-Uni, à l’université où j’ai étudié, j’ai été choquée de voir des gens d’Afrique. Et du monde entier se rendre loin pour étudier la culture africaine, l’histoire, etc. Les Africains devraient pouvoir étudier sur leur propre continent. C’est ainsi que mon rêve de créer la première académie culturelle en Gambie est né. »
Elle tient à ce que la Kora conserve son authenticité, sa pureté et ne soit ni fagoté, ni phagocyté. Avec des approches plus contemporaines.
En tournée, elle a l’occasion de roder sa musique sobre, dépouillée. Dans cette musique, calebasse d’eau, guitare acoustique et lignes de basse d’Andrew Mclean collaborent. C’est le cas dans Afro Acoustic Soul, son premier album sorti en 2008, Motherland (2012), Fasiya.
Elle en profite pour humer son Afrique. Il y a quelques mois, elle n’avait pas su dissimuler sa joie de rencontrer Kojo Antwi. Le reggaeman ghanéen au pays de Kouamé N’Krumah.
Kora
Première femme à connaître un succès international avec un instrument habituellement réservé aux hommes, Sona Jobarteh, deux albums à son actif, est également engagée dans la réforme du système éducatif de son pays, la Gambie.
Née en 1983 à Londres, d’une mère anglaise et d’un père gambien, elle est issue d’une des principales lignées de griots d’Afrique de l’ouest.
ALEX KIPRE
POUVOIRS MAGAZINE