Depuis hier lundi, la tension est à nouveau vive entre les populations de Niamoué et Tiassalékro, deux villages de la commune de Tiassalé.
Les deux villages se disputent un site de 27 hectares, sur la rive gauche du Bandaman, l´ancien emplacement du village de Niamoué coincé, aujourd´hui entre N´douci et la rive gauche du Bandaman. « Ce matin, on a constaté qu´il y avait des camions benne sur notre terre. Quand le président de notre mutuelle s´est renseigné, les propriétaires des engins ont révélé qu´ils se sont accordés avec le chef Mazola de Tiassalékro qui a décidé de transformer le site en une carrière de sable. Nous nous sommes donc déportés sur le site pour faire barrage à cette activité clandestine sur nos terres. » a confié G.A très remonté contre les autorités coutumières de Tiassalékro qu´il soupçonne de vouloir les exproprier.
Le chef Mazola que nous avons pu joindre, ce mardi matin, a plutôt marqué son étonnement. « Je suis en déplacement. Et avant que je ne quitte Tiassalé, il n´y avait pas de problème entre Niamoué et moi. » A-t-il clamé.
Cet autre incident n´est en effet qu´un épisode dans le bras de fer entre Tiassalékro et Niamoué sur cette parcelle. Au mois d´avril de l´année dernière, une tentative de morcellement de la parcelle sur instigation de M.Mazola, chef du village de Tiassalékro avait été vigoureusement contestée par les populations de Niamoué.
Le calme n´est revenu qu´à la suite de l´implication du Préfet de Tiassalé. Et pour les populations de Niamoué, il y a là une réelle volonté de la chefferie de Tiassalékro d´exproprier le village de Niamoué reconnu pourtant dans tous les documents officiels comme propriétaire de ce site. L´indignation de cette population est d´ailleurs éloquemment résumé par Emmanuel Koffi, Président de la Mutuelle de développement de Niamoué. « L´ancien village de Niamoué est en train d´être transformé en carrière de sable. Et le Chef de Tiassalékro a reconnu être à l´origine de cette exploitation.
Nous avons donc décidé de faire arrêter cette opération. Il a même tenté un morcellement auquel nous sommes opposés. Mais il a continué à exploiter le site clandestinement, estimant que l´espace est à lui. Comment peut on traiter un site où sont enterrés nos ancêtres avec tant d´irrespect ? Depuis 4 ans que je suis à la tête de la mutuelle, je tente de le ramener à la raison, mais il préfère agir clandestinement. Mais nous ne laisserons plus faire. »
Insidieusement, un conflit foncier est en train de s´installer au cœur de la commune de Tiassalé.
ERICK FOFANA
POUVOIRS MAGAZINE
