Pour la première fois au suffrage universel direct, Samia Suluhu Hassan, présidente sortante de Tanzanie, brigue un mandat complet.
Mais scrutin sous forte surveillance, exclusions d’opposants et tensions à Zanzibar rappellent que le contrôle politique n’a pas de genre.
Le 29 octobre 2025, la Tanzanie vote. Samia Suluhu Hassan, arrivée au pouvoir en 2021 après la mort de John Magufuli, se présente pour la première fois devant tous les électeurs.
Son objectif est clair : transformer une succession constitutionnelle en mandat personnel validé par le suffrage universel. La présidente promet stabilité, continuité et unité dans tout le pays.
Officiellement, dix-sept candidats sont inscrits. Dans les faits, aucun ne menace sérieusement le parti au pouvoir, Chama cha Mapinduzi (CCM), dominant depuis l’indépendance.
Elle fragilise l’opposition. Tundu Lissu, critique emblématique, est en détention pour « haute trahison » et ne peut pas faire campagne. Luhaga Mpina, disqualifié pour irrégularités administratives, dénonce une manœuvre politique.
Zanzibar concentre toutes les tensions.
L’archipel semi-autonome voit un déploiement massif des forces de l’ordre et des listes électorales gonflées, selon l’opposition. ACT-Wazalendo accuse le pouvoir de « pré-remplir les urnes » avant le vote national.
Les organisations de défense des droits humains dénoncent un climat de peur. Arrestations d’opposants, pressions sur médias et militants, disparitions signalées : la liberté politique se restreint à chaque jour qui passe.
Les déclarations officielles sont fermes : « Toute perturbation de l’ordre public aura des conséquences ». La sécurité devient un outil de contrôle politique, et la répression n’est pas réservée aux hommes.
À travers ce scrutin, Samia Suluhu Hassan montre que la poigne et le contrôle électoral ne connaissent pas de genre. La Tanzanie observe, entre vigilance et résignation, l’épreuve du pouvoir au féminin.
ETHAN GNOGBO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
