Djigui Diabaté est parti. Le monde de la musique reggae pleure un artisan

2 semaines

C’est avec une profonde tristesse que le monde de la musique a appris le décès de Djigui Diabaté, survenu ce matin, 27 octobre.

Figure discrète mais essentielle de la scène musicale ouest-africaine, il laisse derrière lui un héritage immense, forgé par une passion sans faille pour le son et un engagement total envers les artistes.

Le son à Treichville


Djigui Diabaté était bien plus que le propriétaire d’un studio d’enregistrement à Treichville, avenue 22, « Djigui Sound Productions ». Cet espace était un véritable sanctuaire, pensé et aménagé avec un soin méticuleux. Avec la complicité du saxophoniste Isaac kemo. Son sous-sol, sa mezzanine, ses lambris et ses astuces acoustiques n’étaient pas de simples détails. Mais la marque d’un passionné discret.

Djigui avait le souci du détail, la quête du son pur, sans aucune perte de qualité. Grâce à son matériel, de nombreuses pépites musicales s’apprêtaient à voir le jour entre ses murs. Pour  façonner la richesse du paysage sonore ivoirien.

LA FILLE D’ISAAC KEMO

L’héritage d’une famille griotte


Le talent de Djigui Diabaté était ancré dans ses racines. Descendant de la prestigieuse famille griotte Diabaté, originaire du village de Kita au Mali, il avait la musique dans le sang. Ce lien indéfectible avec la tradition et la transmission se retrouvait dans son travail. Il a d’ailleurs collaboré avec les membres les plus illustres de sa famille, comme son neveu Toumani. Et son petit-neveu Sidiki. Apportant son expertise d’ingénieur du son à leur kora ancestrale. Son histoire était un pont entre la tradition malienne et la modernité de la production musicale.

L’école du reggae londonien


Après avoir perfectionné son art en autodidacte, Djigui a passé 25 ans à Londres, une expérience qui a profondément marqué son parcours. D’ailleurs la propriétaire de AZK est en larmes qui l’y a rencontré. C’est dans la capitale britannique qu’il a étudié et maîtrisé les techniques du son pour le théâtre, le concert et le studio. Il a eu la chance d’être encadré par son mentor, le légendaire Dennis Bovell, bassiste, guitariste et producteur de reggae. Et membre du célèbre groupe Matumbi.
Auprès de lui, Djigui a eu l’opportunité de côtoyer l’élite du reggae, des artistes comme Steel Pulse, UB40 et les Wailers, enrichissant ainsi sa palette et son approche musicale.
De retour en Côte d’Ivoire, fort de cette expérience internationale, Djigui Diabaté a mis son savoir-faire au service de la musique locale. Son studio est devenu un lieu de rencontre. Un laboratoire où les genres se croisaient et où les jeunes talents pouvaient s’exprimer. Il est parti en laissant derrière lui des projets en cours. Témoignage de son engagement indéfectible pour la musique et de son désir de voir la scène musicale ivoirienne rayonner encore plus. Son décès est une perte  pour le reggae. Le monde du reggae, en particulier, pleure l’un de ses artisans les plus discrets.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE

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