Qui était le professeur Angaté ? Celui qui nous a quittés, il y a 10 ans déjà et dont le nom résonne encore dans les murs des fac de médecine et chez les chirurgiens.
L’homme qui nous a quitté le 26 octobre 2015 était vénéré par le monde de la médecine. Quoi de plus naturel quand on sait le rôle important qu’a joué ce père de famille de 8 enfants dans l’ivoirisation du corps médical.
Né le 30 décembre 1926, il est docteur en médecine à Paris, 6 mois seulement après l’indépendance de la Côte d’Ivoire, soit en janvier 1961. Deux années plus tard, il fait partie des prisonniers de 1963 aux côtés d’autres médecins. Dont Samba Diarra et le Dr Sangaré. Cette parenthèse non heureuse se referme et le médecin se fait une prothèse morale. Cet ancien pensionnaire de l’école catholique de Bassam y chantera Dieu-priera donc deux fois. Et fortifiera sa foi.
De bonne foi, honnête, sérieux et surtout nanti de l’orgueil constructif propre aux N’Zima, Niamké Yangni Angaté travaille davantage.
Pour ne rien devoir à personne sinon à son travail.
Son passage à William Ponty, d’où il était sorti diplômé en 1948, son diplôme de Physique, Chimie et Biologie obtenu à la Faculté des Sciences de Paris en 1951 et sa bonne maîtrise de la langue de Molière, auxquels il faut ajouter son exercice du métier à Tunis, aux Etats-Unis, en font une personnalité décomplexée par le contact d’avec des peuples différents, et ayant par voie de conséquence une conscience aiguisée de la patrie, une belle humanité et étant d’un bon commerce.
Aussi Yangni Angaté en impose-t-il et force-t-il l’admiration lorsqu’il est hissé au rang de Professeur titulaire de Chirurgie générale. Nous sommes en 1974. C’est l’époque où des Européens dirigent la plupart des structures. Et où le Président Houphouët travaille à une ivoirisation de ses cadres. Son sérieux, son sens des responsabilités le conduisent tout droit vers les cimes. Et voici Antoine Angaté Doyen de la faculté de médecine d’Abidjan en 1979. Le premier ivoirien du genre. Partout, son nom revient quand il s’agit des « Journées médicales d’Abidjan », ou « des conférences des Doyens ». Avec le Dr Michel Zunon Kipré, son « jeune frère » à ses côtés, il donne au service chirurgie du Chu de Treichville une belle réputation.
Il transmettra à son fils Hervé Koffi le virus et ce dernier est aujourd’hui un brillant professeur.
C’est que le Pr Angaté a le sens du travail en équipe, de l’organisation collective.
Après s’être bâti une réputation d’orfèvre des interventions chirurgicales, grâce à sa main experte, il s’inscrit dans une logique de transmission. Il passe désormais son temps à former des milliers de chirurgiens qui s’empressent de confesser être passés entre ses mains. Quand ils ne revendiquent pas d’avoir été les élèves du Maestro. Le surnom par lequel le désigne la kyrielle de médecins qu’il a orientés et inspirés.
Il s’inscrit davantage dans la transmission par les trois publications qu’il donne en partage. Ce sont « Chirurgie en Afrique », Nea, préface du Pr André Sicard de l’Académie nationale de médecine (Paris) (1979). « La faculté de médecine d’Abidjan dans la mouvance des Universités d’expression française », Nea, préface du Pr Jean Bernard de l’Académie Française (1987). «La Revalorisation de la médecine traditionnelle » – Edition Ceda, préface du Pr Georges Niangoran Bouah (2004).
Il a été inhumé le 28 novembre 2015 à Bassam.
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
