Dans une déclaration offensive, Teodoro Nguema Obiang Mangue, vice-président équato-guinéen, accuse Paris de manipulation politique et d’ingérence culturelle.
À travers un prix des droits de l’homme décerné à un opposant exilé, la France serait, selon lui, engagée dans une stratégie d’affaiblissement de la stabilité nationale.
La parole est sortie de New York, mais le ton était équato-guinéen : ferme, accusateur, centré sur une souveraineté assiégée.
Teodoro Nguema Obiang, bras droit présidentiel et fils de la nation dirigeante, voit dans un prix une attaque diplomatique voilée.
L’activiste Alfredo Okenve, depuis son exil espagnol, devient le symbole d’une reconnaissance occidentale perçue comme une trahison domestique.
Récompenser l’opposition, pour Malabo, équivaut à légitimer la fracture, soutenir l’instabilité, et piétiner la paix intérieure construite.
La distinction franco-allemande agit comme catalyseur d’un discours anti-ingérence avec des décennies de tensions post-coloniales récurrentes.
Des mots durs surgissent : « harcèlement systématique », « déstabilisation organisée », « répétition malienne », à l’encontre d’un vieux partenaire européen.
La France, accusée d’avoir activement participé au coup manqué de 2017, redevient l’acteur invisible d’un théâtre politique brûlant.
Le pouvoir équato-guinéen aligne les griefs, évoque la DGSE, l’espionnage, et l’influence étrangère dans les affaires internes nationales.
Une ligne rouge serait franchie dès lors que les droits humains deviennent armes politiques entre capitales anciennement liées par la colonisation.
Dans cette affaire, la mémoire coloniale n’est jamais loin. L’Afrique francophone n’a pas digéré toutes ses cicatrices historiques.
L’accusation se double d’un contentieux financier : biens confisqués, immeubles saisis, hôtels particuliers figés au cœur de Paris.
L’hôtel de l’avenue Foch, estimé à cent millions, est le joyau contesté d’une querelle judiciaire entre Malabo et Paris.
Les autorités françaises invoquent le droit, mais Teodorin y voit une confiscation punitive et une humiliation diplomatique préméditée.
On accuse Transparency International de jouer un rôle d’exécutant moral dans un système qui cible des élites africaines spécifiques.
Condamné en France pour blanchiment et corruption, le vice-président rejette une justice étrangère qu’il juge sélective et néocoloniale.
Ses démêlés ne s’arrêtent pas là : Suisse, États-Unis, Brésil, tous suivent la trace d’un train de vie surmédiatisé et contesté.
Le 12 septembre 2025, la Cour internationale de justice rejette la demande de Malabo visant à bloquer la vente du bien.
Pour la Guinée équatoriale, ce refus légal devient un signal politique : celui d’un déséquilibre dans les rapports internationaux persistants.
Le discours d’Obiang fils n’est pas isolé, il s’inscrit dans un ressentiment croissant envers l’ingérence perçue des anciennes puissances.
Petite république pétrolière, riche mais verrouillée, la Guinée équatoriale dénonce aujourd’hui la diplomatie du double standard occidental.
MARIE GNIALET
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
