Dans Où s’adosse le ciel, David Diop tisse une fresque dense, où mémoire sénégalaise et Égypte ancienne résonnent au fil du temps.
Un roman né d’une admiration ancienne pour Cheikh Anta Diop, nourri par les traditions orales et l’Histoire oubliée.
En 1982, à Dakar, un adolescent curieux écoute avec fascination un discours passionné de Cheikh Anta Diop sur l’Égypte antique.
Le penseur y défend l’origine noire des pharaons et l’influence égyptienne sur les cultures ouest-africaines précoloniales. Provoquant admiration et controverse.
Dans l’amphithéâtre bondé, ce jeune auditeur de 16 ans n’est autre que David Diop, futur écrivain à succès.
Ce moment déclenche chez lui un intérêt profond pour l’histoire africaine préislamique. Longtemps ignorée dans les récits officiels dominants.
Quarante ans plus tard, cet écho ancien renaît dans son nouveau roman, Où s’adosse le ciel, publié chez Julliard.
L’intrigue entremêle deux récits : celui d’un pèlerin sénégalais survivant du choléra. Et celui d’exilés égyptiens vers l’Afrique de l’Ouest.
Ce croisement improbable, entre fin du XIXe siècle et IIIe siècle avant J.-C., devient un pont narratif entre mémoire et imagination.
Bilal Seck, personnage principal, porte en lui l’héritage des récits des griots et la spiritualité transmise par ses ancêtres.
L’écriture du roman débute en 2021, après deux ouvrages salués par la critique. Notamment Frère d’âme et La Porte du voyage sans retour.
David Diop entreprend alors un immense travail documentaire, explorant les recherches d’Aboubacry Moussa Lam, égyptologue africain marginalisé par les institutions occidentales.
Pour ce troisième roman, l’auteur allie précision historique, souffle romanesque et transmission orale, reliant ainsi deux pôles majeurs de l’héritage africain.
La fiction devient un outil de reconquête identitaire, où l’Afrique réécrit son passé par la voix de ses propres descendants littéraires.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
