10 octobre: Des figures clés de l’opposition ivoirienne affichent leur unité à Abidjan

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Le 10 octobre 2020, alors que la Côte d’Ivoire s’apprêtait à vivre une élection présidentielle tendue, l’opposition longtemps divisée avait tenu un meeting sans précédent à Abidjan.

Cinq ans plus tard, retour sur ce moment fort marquant un tournant politique majeur dans l’histoire récente du pays.

Il y a cinq ans jour pour jour, le 10 octobre 2020, l’opposition ivoirienne avait organisé à Abidjan son tout premier grand meeting unitaire. Quelques semaines avant une présidentielle très contestée. Longtemps morcelée, elle avait, ce jour-là, décidé de faire front commun contre la candidature à un troisième mandat du président sortant, Alassane Ouattara.

Environ 30 000 personnes s’étaient alors rassemblées dans le stade d’Abidjan. Portant haut les messages d’unité et de contestation. Sur le podium, on avait pu lire en lettres capitales : « Toute l’opposition ivoirienne dit NON, NON, NON ! »

L’événement avait rassemblé des figures majeures de la vie politique nationale. Henri Konan Bédié, alors âgé de 86 ans, avait été présent en tant que candidat du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Bien qu’absents physiquement, Les partisans des anciens présidents Laurent Gbagbo — alors encore en liberté conditionnelle en Belgique — et Guillaume Soro — exilé en France — les ont représentés par leurs partisans.

Des figures clés comme Mamadou Koulibaly, Abdallah Albert Mabri Toikeusse ou encore Marcel Amon Tanoh

— dont les candidatures avaient été écartées par le Conseil constitutionnel — avaient également répondu présent. Même les deux camps opposés du Front Populaire Ivoirien, longtemps irréconciliables, s’étaient retrouvés côte à côte : la branche dirigée par Pascal Affi N’Guessan et celle des GOR (Gbagbo ou Rien) emmenée par Assoa Adou.

Henri Konan Bédié avait appelé la communauté internationale, et en particulier l’ONU, à intervenir pour garantir un cadre électoral plus transparent. Quant à Affi N’Guessan, il avait réitéré l’appel à la désobéissance civile et exigé une transition politique.

Le contexte sécuritaire avait été tendu : un important dispositif policier avait encerclé le quartier du Plateau, et l’opposition s’était plainte de nombreuses entraves à la mobilisation.

Le même jour, un contre-meeting du parti au pouvoir avait été prévu mais finalement annulé.

Malgré ce rassemblement unitaire, les divergences internes à l’opposition subsistaient. Aucune alliance électorale concrète n’avait été conclue et les stratégies face à l’élection du 31 octobre divergeaient encore.

Ce moment de mobilisation intense s’était inscrit dans un climat politique électrique. En août, l’annonce de la candidature de M. Ouattara, qui avait d’abord promis de ne pas se représenter, avait déjà déclenché de violentes manifestations. Une quinzaine de morts.

Ce 10 octobre 2020 avait marqué un tournant. Jamais auparavant l’opposition ivoirienne n’avait montré un tel visage de cohésion face au pouvoir en place. Cinq ans plus tard, cet épisode reste dans les mémoires comme une tentative forte – bien que fragile – de reconstruction d’un front politique commun.

JULIEN BOUABRE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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