Avec leur projet « Chocolat », Koffi & Diabaté signent une œuvre urbaine où l’espace devient lieu d’harmonie, d’art et de sens.
Sur une parcelle d’un hectare, les architectes ont implanté 32 unités d’habitation, articulées autour d’un principe de densification maîtrisée.
Ils ont pensé la densité non comme une contrainte spatiale, mais comme une opportunité de créer du lien et du sens.
La cité « Chocolat » s’inscrit comme une alternative à l’étalement urbain anarchique, chronique dans la fabrique urbaine abidjanaise contemporaine.
L’ensemble s’érige comme un archipel d’intimités connectées. Entre habitat individuel et vision communautaire, dans une poésie formelle maîtrisée.
Les logements s’organisent autour de cours partagées, véritables scènes sociales. Où cohabitent fluidité spatiale, porosité fonctionnelle et convivialité assumée.
L’esthétique sobre, presque monacale, traduit un manifeste en faveur d’une architecture essentielle, débarrassée du superflu et des signes ostentatoires.
Le parti-pris formel intègre 60 % d’espaces végétalisés, véritables respirations qui structurent le site et réconcilient l’habitant avec le vivant. L’eau et la piscine par exemple.
Les voitures, invisibles, sont reléguées en sous-sol. Libérant une esplanade supérieure propice aux usages collectifs et à l’émergence du commun.
L’acte architectural devient ici un geste social : mutualiser les services, optimiser les ressources, créer des proximités choisies et non subies.
Issa Diabaté évoque un « urbanisme du sensible », où la morphologie des lieux influence la qualité des interactions et du quotidien.
La matérialité sobre, l’ergonomie des volumes et le traitement de la lumière favorisent un bien-être spatial durable et ancré.
Le projet démontre qu’un habitat de 400 m² bien pensé peut surpasser un 1 000 m² mal articulé et stérile.
« Chocolat » rejette le modèle rigide du logement social étatique, au profit d’une mixité maîtrisée et d’un urbanisme de proximité.
Koffi & Diabaté expérimentent ici un modèle reproductible. Où l’architecture devient outil de transformation urbaine, écologique et comportementale.
L’espace devient langage, et l’acte de construire, un art de vivre ensemble, entre singularité des formes et universalité du geste.
Ils rappellent que la ville se pense comme une œuvre collective, où chaque intervention influence profondément les modes d’habiter et d’être.
Bien sûr comme on fait pas l’unanimité. Les allergiques à la vie collective s’abstenir, ceux qui croient encore qu’on vit mieux seul apprécieront moins cette architecture qui force un peu à regarder l’autre, à faire attention à lui.
Le duo a déjà été récompensé pour le gymnase du lycée Blaise-Pascal, salué aux World Architecture Awards dans la catégorie « Sport ».
Pour le siège d’Orange Côte d’Ivoire, prouesse structurelle et manifeste programmatique.
Avec « Chocolat », ils livrent bien plus qu’un projet : une proposition culturelle, une poétique spatiale, une vision durable de l’habitat.
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
