Cher Jeff,
En ce mois de juin qui a vu naitre un 29, Gbêdê le solitaire, et qui t’a vu naître, nous voulons t’adresser, avec la solennité qu’imposent les trajectoires singulières, nos vœux les plus sincères d’anniversaire.
Que cette nouvelle année de vie te soit douce, inspirante et à la hauteur de l’homme d’expérience et de finesse que tu es devenu.
Fils d’un fils de Krinjabo, Georges Aka, instituteur émérite, héritier de la trempe pédagogique d’un Yacé Philippe ou d’un Mamadou Coulibaly, tu es né sous le signe d’une rigueur transmise. Et d’une élévation intellectuelle précoce. Ta mère, une Turkson, femme d’élégance et de discrétion, a ancré en toi cette fibre sensible. Qui épouse aujourd’hui ton univers d’image et de son.
Cadet d’une fratrie aux talents éclatés — entre journalistes, enseignants et diplomates — tu as grandi à l’ombre féconde d’une maison où la parole comptait. Et où le devoir de briller n’était pas une option. Élève du prestigieux lycée Jean Mermoz, tu as traversé l’adolescence avec éclat. Mélomane averti, amateur de belles mécaniques. Amateur aussi de tenues taillées avec raffinement, déjà tu savais conjuguer le jour et la nuit avec panache.
Tu décroches ton bac à Dimbokro, gardien de but au sein du lycée.
Mais aussi rempart sur les terrains de quartier avec Villa Cadres. Cette équipe de Cocody coaché par Willy Kwartz dont le palmarès s’illustre à la hauteur de ses talents.
Ta passion pour la musique ne t’a jamais quitté. Entouré de figures filiales comme tes neveux Emmou Sylvestre, maire de port-Bouet ou Didier Ahizi — auteur du premier tube du groupe GI’s, « A Beat of Love » — tu sais la musique. Tu crées plus tard un orchestre de quartier. Tu y dévoiles ta dextérité à la basse et à la guitare. De quoi épater le producteur (de Awana, O’Nel Mala, Maryadé) Séry Sylvain. Lequel propose à l’époque de vous produire. L’offre est déclinée. La musique est juste une passion. C’est là, déjà, que se forgeait ton regard de réalisateur : une oreille fine, un œil juste.
Tu entres au Centre d’animation et de formation à l’action culturelle (Cafac), temple des arts, où tu affûtes ton regard et affirmes ton goût pour la narration visuelle. Puis viennent les premiers pas à la RTI. Sans brûler les étapes, tu y commences en bas de l’échelle, chef de plateau humble et assidu. Tu traverses l’Atlantique, séjournes aux États-Unis, où tu t’équipes, te formes encore. Et reviens plus affûté, plus déterminé que jamais.
De la RTI à NCI, tu gravis les échelons avec un professionnalisme constant. A
ujourd’hui directeur de production, aux côtés de figures comme Cheick Yvhan ou Amos Badi, tu es devenu l’un des piliers discrets mais incontournables de la Nouvelle chaine ivoirienne.
On te doit notamment à la Rti la conception de l’émission culte Star Karaoké. Née d’une étincelle partagée avec Claude Tamo dans une boîte de Marcory, un 14 février 2002. Une intuition géniale qui deviendra, dès 2003, un rendez-vous incontournable de divertissement et de proximité.
Marié depuis 27 ans à la fille du journaliste sportif, Yassine Johër,
père comblé de plusieurs enfants, tu as su concilier discrétion familiale. Et rayonnement professionnel. Tu incarnes cette élégance des hommes de l’ombre, dont les œuvres parlent avec plus de force que les discours.
À toi, Jeff, ce jour est le tien. Que chaque bougie soufflée rallume les projecteurs sur ta passion, ta fidélité à l’image. Et ton amour intact pour la musique partagée avec Jean Charles Ahizi, la vie avec Amy Diomandé et la Côte d’Ivoire avec Emmanuel Aka.
Heureux anniversaire à toi.
Puisses-tu poursuivre ton œuvre, dans la lumière que tu maîtrises si bien.
ALEX KIPRE
photos:dr
POUVOIRS MAGAZINE