Assalé Tiémoko : « des membres du gouvernement sont impliqués dans cette sale affaire… »

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Assalé Tiémoko est devenu une figure incontournable de la lutte anticorruption dans le paysage politique, économique et social ivoirien.


Il alerte depuis plusieurs années sur la corruption généralisée, qu’il considère comme une menace directe pour la stabilité nationale.
Selon lui, la Côte d’Ivoire est assise sur une bombe sociale : la crise foncière grandit dans un silence inquiétant.
« Tout le monde voit le drame foncier arriver, mais peu osent en parler ou anticiper les conséquences désastreuses », dit-il.
Les terres sont aujourd’hui sous une pression extrême, au point que les citoyens se sentent étrangers sur leur propre sol.
Une véritable mafia foncière contrôle les circuits officiels, avec des complicités dans toute l’administration : justice, urbanisme, construction, collectivités locales.
Ces réseaux n’hésitent pas à spolier les citoyens, utilisant des procédés illégaux couverts par l’impunité des hautes sphères étatiques.
Les victimes, depuis plus de dix ans, se battent seules contre un système verrouillé par des fonctionnaires intouchables et corrompus.
Ces hauts cadres s’approprient des terres illégalement, les revendent ou les bradent, souvent avec des titres falsifiés ou litigieux.
Le silence est généralisé. Personne n’ose agir, car beaucoup sont compromis ou paralysés par peur de représailles administratives.


Assalé explique qu’il utilise sa position d’élu pour porter la voix des victimes et obtenir un minimum de justice.


Les cas de corruption sont nombreux : guichet unique automobile, douanes, marchés publics liés à la gestion des déchets en 2014.
On a attribué des contrats faramineux à des sociétés fictives. Notamment pour 70 milliards de francs CFA sans transparence aucune.
Un autre scandale a impliqué des membres du gouvernement dans une affaire de véhicules non dédouanés, toujours restée sans suite.
Pour lui, l’administration ivoirienne symbolise aujourd’hui l’échec : gaspillage, corruption, irresponsabilité et mépris pour l’intérêt général y sont devenus systémiques.
Les institutions censées lutter contre les abus — Haute Autorité de la Bonne Gouvernance, Inspection d’État — manquent cruellement d’efficacité.
L’Ivoirien lambda se sent abandonné, sans recours, livré à l’arbitraire des puissants sans que personne ne lève le petit doigt.
Ceux que ses enquêtes incriminent le contactent souvent pour le narguer, affirmant que jamais il n’obtiendra de résultats.
C’est ce mépris constant qui a poussé Assalé à entrer en politique, pour tenter de faire bouger les lignes.

ETHAN GNOGBO

photo:dr

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