Jolina Jolie s’est envolée le 06 mai 2025, emportée par une explosion de gaz, laissant un monde orphelin de joie.
À 41 ans, elle laisse derrière elle une trace tendre, rieuse, incandescente, comme une étoile tombée en pleine journée claire.
Née le 13 mars 1984 à Brokoua, deuxième d’une fratrie de six, elle grandit entre rigueur paternelle et tendresse maternelle.
Son père, instituteur venu de Gagnoa, rencontre à Brokoua sa mère commerçante : ainsi naît une union nourrie de simplicité.
Carolle Marina, dès l’école à Daloa et Issia, s’impose par son intelligence vive, une espièglerie touchante, et une âme ouverte.

Bachelière en série A2, elle devient mère de Maeva à 21 ans, puis affronte la vie avec courage, toujours le regard en avant.
Une vocation qui brûle d’audace
Ses rêves d’écriture et de scène étaient jugés légers ; elle persiste pourtant, animée d’un feu que rien ne dompte.

Elle suit une formation sanitaire, tente plusieurs concours, mais revient irrésistiblement vers l’art, vers le rire, vers la scène familière.
Armée de son téléphone, elle réalise ses vidéos, créant des personnages tendres et piquants, miroir de nos propres existences.
Avec Prissy La Dégameuse, parente maternelle, elle forme un duo mémorable dans « Maman Attiéké Poisson », sketch devenu culte nationalement.
L’ascension d’une voix libre

Ses liens avec Yvidero de courte durée, Le Magnific ou Bleu Brigitte traduisent une reconnaissance ; son art touche, son rire rassemble naturellement.
Adrienne Koutouan, mentor admirative, lui prédit une belle carrière. Jolina écoute, observe, et se jette dans l’arène avec panache.
Spontanée, intrépide, elle devient chroniqueuse à Radio Nostalgie, où son humour sec et tendre séduit une audience fidèle, aimante.
Sur scène ou dans un micro, Jolina captait l’instant, le retournait, le transformait en sketch, rire, ou larme surprise.
L’ironie tragique d’un destin
Ce 06 mai, le gaz l’emporte. Ironie du sort, même brûlée, elle riait. Sur son lit d’hôpital, elle rêvait encore de scène, de retour, de chaleur partagée. : « Appelez-moi Jolina, trois fois brûlée désormais. »
Elle œuvrait pour les enfants brûlés. Le samedi, jour du drame, elle devait animer une rencontre avec les jeunes de Brokoua. Plus précisément avec la mutuelle des jeunes de Brokoua et M. Bahi Baudelaire, Président de la nouvelle génération des jeunes de Brokoua et les membres de la NGJB. Preuve qu’elle était impliquée dans la région natale
Le feu l’a prise. Pourtant, c’est une lumière qui s’est levée ce jour-là dans les cœurs, les rues, nos mémoires.
Un retour aux sources, un adieu enraciné
Jolina, après « Jolina de Monaco » ou « Jolie », tenait désormais à son vrai nom : « Jolina de Brokoua », symbole d’enracinement.
Elle repose auprès de sa mère, disparue en 2016, dans son village natal, Brokoua, là où son père repose aussi.
Son nom initiatique : Zia Broubrou Zia, « l’oiseau qui s’envole », illustre ce dernier envol, poétique, vers la mémoire éternelle.
Elle aimait profondément ses origines, sa terre, ses gens ; elle s’impliquait activement dans la jeunesse et les activités locales.
Programme des obsèques de Jolina Jolie
Du 05 au 09 juin 2025
18h – 20h : Présentation des condoléances, domicile familial, Yopougon Saguidiba, route de l’hôtel Assanvon, près de Saint Mathias.
Mercredi 11 juin 2025
21h à l’aube : Veillée artistique à la Cité GEM 2, Yopougon, non loin de la pharmacie Nakoko, cité qu’elle chérissait.
Samedi 14 juin 2025
10h : Levée de corps à Ivosep CHU Yopougon, transfert à Brokoua (Issia)
21h à l’aube : Veillée traditionnelle à Brokoua, dans la ferveur des siens.
Dimanche 15 juin 2025
5h du matin : Inhumation dans la stricte intimité familiale, au cimetière du village, aux côtés de sa mère bien-aimée.
Et maintenant…
Elle est partie, mais elle vit encore dans nos rires, nos silences, nos chansons, nos souvenirs partagés autour du feu sacré.
Jolina Jolie n’est pas morte : elle est devenue souffle, écho, poème vivant, transmis de cœur en cœur, d’âme en âme.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE