Le livre: une idée plus vaste que nos nombrils et nous!

1 semaine

Servir le livre ou s’en servir : il faut choisir

Il y a ceux qui viennent au livre par posture, et ceux qui y viennent par conviction.
Les premiers s’y précipitent quand les micros s’allument, quand les caméras filment, quand le public applaudit.
Ils veulent parler du livre, mais jamais travailler pour lui.
Ils viennent se servir du livre, non le servir.

Ce sont ceux pour qui le moindre effort est une épreuve :
La chaleur leur semble insupportable,
la distance trop longue,
la dépense injustifiée.

Pourtant, aimer vraiment le livre, c’est accepter de sacrifier.
Acheter un billet d’avion à ses frais pour participer à un salon,
se rendre à Genève, au Canada, à la Porte de Versailles,
non pour soi-même,
mais pour défendre une idée plus vaste que soi :
celle d’un pays où le livre compte.

Quand on ne peut poser aucun acte sacrificiel pour la communauté du livre,
alors on ne construit rien,
ni pour soi,
ni pour les autres,
et encore moins pour une nation.

Car oui, nous sommes une nation en construction,
et avant nous, des bâtisseurs du silence ont offert leurs efforts,
sans jamais exiger un confort en retour.

Paul Ahizi, poète et premier président de l’AECI,
Tanella Boni,
Zadi Zaourou,
Bognini,
Maryam Sy, éditrice,
Boaré, imprimeur engagé…
Tous ont donné, sans compter.

Aujourd’hui encore, Ange N’Dakpri et ses collaborateurs poursuivent ce combat.


Ils œuvrent avec élégance et dignité,
en essuyant les caprices de ceux qui attendent tout du livre
alors qu’ils ne lui donnent rien.

« Il fait chaud », disent certains.
« C’est trop loin », murmurent d’autres.
Mais au-delà des plaintes, il y a les faits.

À Koumassi, un échangeur surgit du sol.
À l’aéroport, le carrefour Akwaba s’achève.
Là où le béton avance, le livre aussi doit avancer,
même s’il n’a ni grues ni grues mécaniques pour l’aider.

Le Parc des Expositions d’Abidjan vibre aujourd’hui au rythme des grands rendez-vous.
Le SILA, modeste mais déterminé,
y trouve sa place, dans un espace gagné de haute lutte,
entre forums économiques et grands raouts politiques.

L’an dernier, dans un hall discret, le SILA résistait dans l’ombre.
Cette année, il lutte pour exister dans la lumière.
Un chapiteau de 3000 m², des salles montées dans l’urgence,
portées par l’effort collectif et le soutien loyal du ministère,
sous la main ferme et discrète de Madame Françoise Remarck.

Le SILA n’est pas un divertissement mondain.
C’est une diplomatie douce,
une arme pacifique,
un moteur touristique,


et un outil de cohésion nationale en pleine année électorale.

Ce n’est pas un lieu pour briller,
c’est un espace pour servir.

Servir l’écrivain dans sa solitude,
l’éditeur dans sa prise de risque,
l’imprimeur dans son labeur,
le lecteur dans sa quête de sens.

Et si le couple présidentiel a foulé ce sol en 2024,
c’est que ce lieu porte un symbole fort :
celui d’une nation qui croit au livre,
même sans tambour, ni trompette, ni projecteurs.

Alors oui, les critiques sont parfois légitimes.
Mais qu’elles soient accompagnées d’un minimum de respect,
car ici, ce n’est pas une personne qu’on célèbre,
mais une idée collective :

L’idée que le livre est un acte d’engagement,
celle que servir le livre, c’est construire la nation,
celle que les vraies routes sont celles que les bulldozers n’atteignent pas.

ALEX KIPRE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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