Dans cent ans, la Côte d’Ivoire ne sera pas la Chine
Quel idéal porte encore ce pays ? Quelle cause mérite le sacrifice des Ivoiriens ? Quel héritage envisageons-nous de léguer aux futures générations ?
Un pays qui clochardise ses enseignants, hypothèque l’avenir de ses enfants, célèbre ses fossoyeurs et ses contre-modèles ?
C’est la destination la plus prisée aujourd’hui. L’usine du monde, l’atelier de la planète.
Pas même l’arrogant Occident ne peut se passer de ses services.
Face à ce géant, même l’Amérique de Donald Trump a dû reculer, réduisant de 145 % à 54 % ses tarifs douaniers, selon le Wall Street Journal.
People who live in glass houses shouldn’t throw stones. Qui est exposé ne devrait pas chercher à blesser autrui. Sans commentaire.
Une nation humiliée
Et pourtant ! Il y a à peine un siècle, la Chine n’était qu’une serpillière, un paillasson foulé par les puissances étrangères.
Humiliée et dépecée par les grandes puissances, notamment par le Japon.
Affamée à tel point qu’un Chinois pouvait vendre son frère pour un bol de riz.
Méprisé et oublié, le peuple chinois a su trouver en lui-même les leviers de son éveil.
Sous l’impulsion du Dr Sun Yat-sen, ce médecin visionnaire qui osait proclamer :
« Notre salut ne viendra pas des autres, mais de nous-mêmes. Nous devons bâtir une nation fondée sur la justice, l’égalité et le sacrifice. Une Chine forte, unie, fière de son destin. »
Bien avant Mandela, il ne s’est pas accroché au pouvoir après l’abdication de la dynastie Qing, qui régnait depuis 1644 et l’instauration de la République.
La route fut longue. Le chemin emprunté passa par la guerre, la famine, la révolution, la sueur, le sang, la formation martiale, la discipline surtout.
Aujourd’hui, la Chine est la deuxième puissance économique mondiale, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, dotée de la dissuasion nucléaire.
Tout cela, sans mendier, sans quémander, sans incantations vaines adressées à Bouddha…
Par la seule force de la volonté.
Et la Côte d’Ivoire ?
Pendant ce temps, la Côte d’Ivoire du « miracle ivoirien », la petite Suisse, s’enlise.
Sous Félix Houphouët-Boigny, elle rivalisait avec la Corée du Sud et Singapour.
Maintenant, elle a pris un bail avec la corruption, la vénalité, l’injustice, la platitude, l’indiscipline, la désunion et la paresse !
La vertu moquée peut aller se rhabiller. Le talent est étouffé.
La relation vaut mieux que le diplôme. L’effort ne paie plus.
L’honnêteté est une faiblesse.
En l’absence de repères, la jeunesse s’enivre de buzz ou rêve d’exil, parfois de suicide.
La faute à personne !
Quel idéal ?
En dehors de la quête ou de la conservation des positions et des privilèges, pas souvent mérités, du confort digestif, d’une vision étriquée d’une existence éphémère…
Quel idéal porte encore ce pays ?
Quelle cause mérite le sacrifice des Ivoiriens ?
Quel héritage envisageons-nous de léguer aux futures générations ?
Un pays qui clochardise ses enseignants, hypothèque l’avenir de ses enfants, célèbre ses fossoyeurs et ses contre-modèles ?
Le travail de mille générations pour aboutir à ce triste et éhonté spectacle ?
Nos martyrs sont-ils morts pour rien ?
Un quart de siècle de stagnation !
Vingt-six ans après le premier coup d’État de 1999, vingt-trois ans après une rébellion pour cause supposée de crise identitaire (?), qui a ébranlé les fondements de l’État-nation en construction, aucune avancée notable n’a été enregistrée.
Des milliers de vies fauchées, des promesses non tenues, des espoirs envolés.
Un quart de siècle de stagnation !
À six mois de la présidentielle d’octobre 2025, les mêmes vieux démons ressurgissent.
Toujours les mêmes acteurs, les mêmes clans, les mêmes haines, la même rhétorique guerrière, la même intransigeance.
Les mêmes victimes ! Le même scénario insipide.
Un navet qui insulte le génie de ce peuple.
Dans cent ans, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la Côte d’Ivoire ne sera pas la Chine.
Abidjan ne sera pas Pékin.
À moins de retrouver notre fierté.
L’étau.net
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
