L’intelligence artificielle soulève de nombreuses craintes, mais la manipulation humaine représente aujourd’hui le danger le plus immédiat.
Stephen Hawking affirmait que l’IA serait peut-être le plus grand ou le dernier événement de l’humanité.
Dans un monde où l’IA devient immersive, la créativité humaine malveillante devient une menace plus grande que l’algorithme lui-même.
L’IA ne devient pas consciente, mais elle peut être exploitée par des personnes manipulant son environnement numérique et cognitif.
L’imagination devient la nouvelle compétence clé pour détourner l’intelligence artificielle à des fins potentiellement destructrices ou malveillantes.
Des expériences récentes ont montré qu’on pouvait tromper ChatGPT et Copilot pour extraire des mots de passe sensibles.
L’IA permet aujourd’hui à des individus sans formation technique d’orchestrer des attaques comparables à celles de professionnels chevronnés.
Avant, seules les personnes possédant des compétences avancées en cybersécurité pouvaient contourner les dispositifs numériques les plus sécurisés.
Aujourd’hui, n’importe qui ayant vu un film de braquage peut théoriquement simuler un vol d’informations numériques.
L’IA démocratise les capacités narratives et techniques, mettant en danger les systèmes complexes conçus pour protéger les données sensibles.
Le facteur humain est donc au cœur des risques actuels, plus encore que la supposée autonomie de l’IA.
La manipulation humaine exploite les failles des interfaces et les mondes virtuels, souvent conçus sans protections suffisantes.
Des dispositifs comme les sirènes déclenchant des ouvertures de portails illustrent ces détournements de sécurité par mimétisme fonctionnel.
Avant l’IA, il fallait des génies techniques comme Barney Collier pour pirater un système ; ce n’est plus nécessaire.
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle donne à chacun son propre Barney : narratif, efficace, invisible et difficilement détectable.
Les attaques ne visent pas seulement le gain ; certaines relèvent du défi, de l’ego ou d’un chaos ludique.
L’ingénierie sociale reste, et de loin, le principal vecteur de vulnérabilité dans tous les systèmes informatiques et organisationnels modernes.
La fiction avait déjà pressenti cette dérive : comme dans « La Guerre Merveilleuse » de Leslie Charteris, en 1929.
Simon Templar y crée une révolution fictive, purement scénarisée, qui manipule toute une structure militaire jusqu’à sa chute.
Quelles leçons retenir ?
Les pirates humains utilisent déjà l’IA pour cibler des gestionnaires de mots de passe ou manipuler des systèmes de chiffrement.
L’IA abaisse le niveau technique nécessaire pour réussir une intrusion, rendant la menace plus large et plus imprévisible.
Toutefois, l’IA n’a pas encore surpassé les hackers humains, mais les mondes immersifs pourraient bientôt changer cela.
Le danger vient donc autant des capacités de l’IA que de l’environnement narratif que lui impose l’être humain.
Les attaques de demain pourraient mêler scénarios fictionnels et IA pour obtenir des résultats bien réels et dévastateurs.
Limiter l’usage de l’IA sur les systèmes internes devient une mesure de sécurité stratégique pour de nombreuses entreprises.
L’équilibre est délicat : trop restreindre freine l’innovation, trop ouvrir expose à des failles dévastatrices.
Il faut intégrer des protocoles d’éthique, des gardes-fous techniques et des audits continus dans toute utilisation de l’IA.
Simuler des attaques en interne, tester les IA face à des scénarios de manipulation, devient une stratégie essentielle.
Créer une culture organisationnelle consciente des risques liés à l’IA est désormais indispensable à la résilience institutionnelle.
Ce danger très spécifique appelle des réponses ciblées, immédiates et collectives, au-delà des simples considérations techniques.
L’ultime défi à long terme restera toujours : comment protéger l’humain de l’humain, à travers l’outil qu’il a créé ?
CAMUS BOMISSO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
