Le 10 mars 2025, la Côte d’Ivoire a pleuré la perte d’un de ses fils les plus chers : Beugré Privât Ange Eugène, décédé à l’âge de 94 ans. Et inhumé ce week-end à Williamsville
PRIVAT EDDY YVES
Né le 12 juillet 1931 à Aboisso, sa vie fut un modèle d’engagement, d’humanisme et de passion pour son pays. Au-delà des titres honorifiques et des distinctions reçues, il incarne la quête incessante de justice. De culture et de service public. Son départ a laissé un vide profond, mais aussi un héritage lumineux qui marquera la mémoire collective de la nation.
Un homme au service de la fonction publique et des institutions
Beugré Privât ne s’est pas contenté d’être un fonctionnaire d’élite. Il était un bâtisseur d’institutions, un homme de terrain, porteur d’une vision où la rigueur administrative rencontrait la justice sociale. Dès ses premiers pas dans le monde de l’administration, il a su conjuguer efficacité et humanité.
Incarnant cette idée chère à l’écrivain et philosophe Albert Camus, pour qui « un homme est toujours un homme qui porte en lui la responsabilité de ses semblables ». Sa carrière fut un parcours sans faute, passant par des postes de haute responsabilité. Dont Préfet-Maire d’Abengourou et Inspecteur des Services Publics à la Présidence de la République.
L’EGLISE ST JEAN A REFUSE DU MONDE
Là-bas, il insuffla une gouvernance de rigueur, d’humilité et de volonté de servir son peuple.
Les distinctions qui ont honoré son nom, comme Chevalier de la Légion d’Honneur et Officier du Mérite Français, témoignent d’une reconnaissance internationale de son intégrité. De son dévouement aussi.
Mais au-delà de ses distinctions, c’est son engagement à ne jamais laisser de côté les plus vulnérables de la société qui fait sa grandeur. Il a su, être l’homme qui parle pour ceux qui ne peuvent pas parler. Œuvrant pour l’égalité, l’équité et la justice.
Un engagement sportif et culturel exceptionnel
Au-delà de sa carrière administrative, Beugré Privât a fait du sport et de la culture ses terrains d’expression et de transformation. Il a été un leader passionné du Africa Sport National, club emblématique de la Côte d’Ivoire, qu’il a dirigé avec une vision claire. Offrir aux jeunes ivoiriens des espaces d’épanouissement et des perspectives de réussite.

Comme Aimé Césaire l’écrivait dans son recueil de poèmes, Cahier d’un retour au pays natal, « La jeunesse est le temps des grandes espérances », et Beugré Privât a fait de ces mots un credo, investissant dans les rêves de la jeunesse ivoirienne à travers le sport.
Son rôle à la Fédération Ivoirienne de Canoë-Kayak également témoigne de son amour pour la discipline et de sa vision d’un sport source d’unité et de dépassement de soi. Mais son engagement culturel ne se limitait pas au sport. Musicien dans l’âme, il a toujours cru, avec son frère Yves, en l’importance de la musique comme moyen d’unir les peuples et de célébrer l’identité ivoirienne. La flûte, instrument qu’il a toujours chéri, devient ici une métaphore de son approche. Douce, mais puissante, capable de captiver et de rassembler.
Une vie de service public et de sacrifice
La grandeur de Beugré Privât réside aussi dans son inébranlable sens du devoir. Sa vie fut une illustration de l’idée qu’un homme est véritablement grand lorsqu’il se met au service des autres. La sagesse de Sénèque, philosophe stoïcien, nous enseigne que « la grandeur ne consiste pas à être au-dessus des autres, mais à être au service des autres ». C’est ce qu’il incarna à travers son rôle dans l’administration, où il œuvra à améliorer la vie des citoyens. En particulier dans la gestion des services publics. Il a souvent affirmé que l’État ne devait pas être perçu comme un simple organe de pouvoir. Mais comme un moyen de justice et d’élévation collective.
Son héritage dans le domaine de l’administration publique et de la gestion des services est inégalé. Mais c’est dans ses valeurs humaines que Beugré Privât a véritablement marqué les esprits. Son éthique de travail, son sens aigu de l’intégrité, et son dévouement à son pays.
Derniers instants marqués par la reconnaissance et l’adieu
Le 29 mars 2025, la famille et les proches de Beugré Privât se sont réunis pour une veillée émouvante. Au domicile familial de Deux Plateaux, quartier Sideci, villa 242. Ce fut un moment de recueillement, un instant où l’on se remémorait les innombrables actes de bonté, de générosité et de dévouement qu’il avait accomplis. À l’église Saint Jean de Cocody qui a affiché complet, une veillée lumineuse a marqué les esprits. Mêlant prières et chants, pour accompagner son âme vers l’éternité.
Le 5 avril, sa dépouille fut conduite avec els enfants vêtus de rouge et noir, au caveau familial du cimetière de Williamsville. Il y repose désormais. Sa vie, telle une mélodie qui s’éteint doucement, a laissé un écho profond dans les cœurs.
L’œuvre de Beugré Privât continue d’éclairer notre route, à travers sa vision de l’unité nationale, de la culture et du progrès.
Un héritage vivant : une source d’inspiration pour les Générations Futures
Beugré Privât ne nous laisse pas seulement son nom, mais un véritable héritage, fait de valeurs de travail, de solidarité et d’amour pour son pays. Comme Aimé Césaire l’écrivait si bien, « l’homme qui vit pour les autres vit éternellement ». Son œuvre, son engagement, sa passion et son amour de la Côte d’Ivoire demeureront des repères pour les générations futures.
Aujourd’hui, alors que nous rendons hommage à cet homme exceptionnel, nous sommes appelés à suivre la voie qu’il a tracée. A défendre une nation forte, unie et respectueuse des valeurs humaines. Beugré Privât Ange Eugène, un homme dont la vie fut une mélodie d’espoir et de service, restera à jamais un modèle de dignité et de persévérance.
Que son âme repose en paix, et que son héritage continue de nourrir notre désir collectif d’élévation et d’unité. Ses enfants et petits-enfants son tenus de préserver loin des disputes intestines, cet héritage.
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE