Lors d’une récente interview, Monseigneur Joseph Aka a tenu des propos percutants sur les valeurs de notre société actuelle.
Un monde où l’argent prime sur les valeurs morales
« Nous vivons dans une société de consommation où l’argent est glorifié au détriment des valeurs morales », a-t-il déclaré.
Il a notamment dénoncé les inégalités dans la valorisation des réussites intellectuelles par rapport aux succès liés à l’apparence.
Prenant l’exemple du concours Miss Côte d’Ivoire, il a comparé les récompenses attribuées aux lauréates à celles offertes aux meilleurs élèves.
« Regardez les prix remis aux Miss : une voiture, une maison… et comparez-les à ceux des élèves brillants.
Ces enfants, qui ont excellé intellectuellement, reçoivent à peine quelques crayons et fournitures scolaires », a-t-il regretté.
Selon lui, cette disproportion envoie un mauvais message à la jeunesse et décourage l’effort scolaire et le mérite.
« Si nous voulons encourager nos enfants, faisons comme avant, avec de vraies récompenses pour les meilleurs élèves », a-t-il ajouté.
Pauvreté et misère : une distinction essentielle
L’évêque a également rappelé la différence entre pauvreté et misère, souvent mal interprétée dans notre société.
« Dans l’Église catholique, la pauvreté ne signifie pas la misère. Elle est un détachement matériel, un mode de vie simple.
Être pauvre, c’est apprendre à vivre avec ce que l’on possède, sans envier les autres, mais en travaillant honnêtement.
L’important n’est pas de s’enrichir rapidement, mais de gagner sa vie de manière juste et intègre », a-t-il insisté.
Le rôle du prêtre face aux injustices
Monseigneur Aka a également abordé son rôle dans la société, affirmant que la religion ne doit pas être une simple observatrice.
« La politique, c’est la gestion de la cité. Nous sommes tous citoyens et devons nous préoccuper du bien commun.
En tant que prêtre, mon devoir est d’encourager ceux qui font le bien et d’alerter sur les dérives.
Si je dénonce l’état déplorable des routes, le manque d’ambulances, ou l’injustice envers les malades, est-ce faire de la politique ?
Quand une femme en travail ne trouve pas de transport pour se rendre à l’hôpital, devons-nous rester silencieux ?
Lorsqu’un patient doit payer le carburant de l’ambulance qui le transporte, faut-il fermer les yeux ? »
Une Église engagée et non complice
L’évêque a conclu en affirmant que l’Église ne peut être complice des injustices et doit prendre position face aux abus.
« Si dénoncer ce qui ne va pas, c’est faire de la politique, alors oui, nous faisons de la politique !
Un prêtre doit avoir le courage de dire la vérité, même si cela dérange », a-t-il martelé avec fermeté.
À travers ces propos, Monseigneur Joseph Aka appelle à une société plus juste, où le mérite et l’intégrité sont valorisés.
AK
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE