L’aveu d’Idriss Diallo qui vaut démission

5 mois
 » Je n’ai pas la solution »

ALEX KIPRE décortique le propos de YACINE DIALLO IDRISS, PRESIDENT DE FIF DIT: « L’idée de donner  des tickets aux clubs c’est une bonne idée dans l’esprit mais dans la réalité ce n’est pas une bonne chose. Vous savez l’Africain n’apprécie pas la gratuité. « Je n’ai pas de solution pour faire venir les supporteurs au stade. Par contre j’encourage les Présidents des clubs à créer une dynamique pour pouvoir faire venir les gens. Mais ce n’est pas le rôle de la fédération » 

La sortie d’Idriss Diallo, président de la Fédération Ivoirienne de Football, en date récente, est un aveu impardonnable.

Lors d’une intervention, il a justifié l’absence d’engouement pour le football et la désertification des stades, déclarant.« Je n’ai pas de solution pour faire venir les supporters au stade. » L’aveu est d’une clarté indiscutable. Celui qui est censé incarner l’âme du football ivoirien, en l’occurrence le président de la Fédération, reconnaît son impuissance totale. Impuissance à relever le défi majeur de son mandat. Comment peut-on être à la tête de l’instance dirigeante du football et ne pas savoir comment dynamiser le public autour de son sport national ? Cet aveu laisse perplexe. Et, surtout, pose la question de sa légitimité à continuer à occuper cette fonction.

Il va même plus loin en affirmant qu’il « encourage les présidents de clubs à créer une dynamique ». Mais en soulignant que « ce n’est pas le rôle de la fédération ». Là encore, une erreur fondamentale : c’est justement le rôle de la Fédération d’accompagner et de structurer cette dynamique. Elle doit être l’architecte de la croissance du football. Non pas spectatrice des initiatives des clubs. En sous-entendant que le rôle de la Fédération ne consiste qu’à se limiter à la gestion administrative, Diallo trahit une vision étriquée de sa fonction. Et une déconnexion totale avec la réalité du terrain.

Diallo SE FAIT le président de la can, de l’équipe nationale uniquement. Pas de la FIF

Mais il oublie que Haller, Adingra, Yaya Fofana, Doué et même remontons plus loin Drogba, Faé Emerse, Guy Demel, Grasset sont des binationaux qui ne sont pas le résultat de la fédération ivoirienne. Mais de Fédération étrangères qui parviennent elles à remplir les stades des clubs grâce à la qualité du spectacle.

Le discours de Diallo semble également méconnaître une évidence. Le problème ne réside pas dans l’offre gratuite de tickets, comme il l’affirme maladroitement. Il déclare que « l’Africain n’apprécie pas la gratuité », une remarque à la fois réductrice et condescendante. Qui stigmatise de manière insultante un public qu’il semble mépriser. Le vrai problème n’est pas la gratuité, mais la qualité du spectacle proposé. Quand quelque chose est beau, attractif, stimulant, on n’a pas besoin de forcer les gens à venir. Au contraire, le public se presse naturellement. C’est la médiocrité du produit proposé qui éloigne les foules des stades. Si les matchs sont insipides, si la qualité du jeu est inexistante, qui oserait y aller, qu’il paie ou non son billet ?

Dans le passé, les stades étaient pleins parce que le football ivoirien offrait de la qualité. Avec des joueurs formés ici en Côte d’Ivoire. Des joueurs comme Koffi Koffi, Assemian Aka du CO Bouaflé, Beugré Inago  du Stella, ou encore l’ASEC avec ses stars comme Youssouf Fofana Abdoulaye Traoré. Ou Zézéto, Aruna, attiraient les foules même en semaine. Les spectateurs venaient non seulement pour le football, mais aussi pour la passion, le spectacle, l’engouement autour des joueurs qui étaient des artistes sur le terrain.

Aujourd’hui, force est de constater que cette magie a disparu, et Diallo n’en est en rien responsable.

Mais son rôle est d’apporter des solutions pour la raviver.

Pas de se retrancher derrière des excuses faciles et puériles dignes d’un supporter hagard affalé dans un maquis aux chaises branlantes.

Le président de la Fédération semble ignorer une autre réalité, concernant la concentration des matchs à Abidjan, au détriment des autres régions du pays. Mais cette inégalité dans la répartition des matchs est symptomatique d’une gestion déséquilibrée et d’une vision étroite de ce qu’est le football national.

Il est impératif de comprendre que la solution ne réside pas seulement dans des mesures superficielles. Pour que le football ivoirien retrouve ses lettres de noblesse, il faut d’abord poser les bases. Ce sont des stades modernes, une formation de qualité, des infrastructures à la hauteur. Et surtout un projet global porté par des acteurs compétents et visionnaires. L’idée que le public ivoirien, de par ses habitudes culturelles, ne s’intéresse qu’à la gratuité est une fausse piste. Les Ivoiriens ont payé pour des matchs de qualité internationale, qu’il s’agisse des grandes compétitions ou des matchs des équipes nationales. L’amour du football ne se mesure pas à l’aune de la gratuité mais de la qualité du spectacle proposé.

Ils ont payé à prix d’or les matchs de la can. Mais aussi s’y sont rendus quand les maires de certaines communes comme Bouaké leur offraient les tickets. GRATUITEMENT

Il est évident que Diallo, dans cette déclaration, jette l’éponge.

Il admet sans détour son incapacité à résoudre le problème, en affirmant : « Je n’ai pas de solution ». Et cet aveu, plus que tout autre, révèle son incompétence. Le président d’une fédération sportive ne peut pas avouer une telle impuissance face à ses responsabilités. Il est le garant du spectacle, le promoteur du jeu, celui qui doit insuffler une dynamique qui fait vibrer les foules. Il ne le fait pas, et il l’admet. Cela signifie qu’il n’est pas à la hauteur, qu’il n’est pas l’homme de la situation. Et face à cet échec patent, la seule option qui s’impose est la démission.

Car il n’est pas acceptable qu’un responsable en place se contente de l’impuissance. Si des ministres ou des responsables d’autres secteurs affirmaient qu’ils n’ont pas de solution pour améliorer la vie des Ivoiriens, ils seraient immédiatement poussés vers la sortie. Il en va de même pour Idriss Diallo. Si vous ne pouvez pas améliorer la situation, si vous ne pouvez pas apporter de solutions concrètes et durables, il est grand temps de laisser la place à ceux qui ont la vision. La compétence et l’ambition nécessaires pour redresser le football ivoirien. L’avenir du sport en Côte d’Ivoire mérite mieux que des excuses et des aveux d’impuissance.

ET ce n’est pas la victoire PROVIDENTIELLE, CHANCEUSE, MIRACULEUSE… de la CAN 2024 qui va cacher la réalité. Le récent Chan face au Burkina avec des joueurs locaux impréparés regroupés dans la célérité en 40 jours avec un coach talentueux N’Dri Romarick mais pris de cours, ayant le temps de rien, nous ramène encore à vous. Vous et votre aveu d’impuissance

ALEX KIPRE

photo:dr

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